dimanche 31 août 2008

31 AOUT - SAINT RAYMOND NONNAT

SAINT RAYMOND NONNAT était issu d'une noble famille éprouvée par des revers de for-tnne, en Espagne, l'an 1204; il perdit sa mère dès sa naissance.

À peine Raymond eut-il l'usage de la raison, que, se voyant sans mère ici-bas, il se choisit dans le ciel une Mère qu'il aima toujours filialement.

Marie et son dévot serviteur rivalisaient, en maintes circonstances, de dévouement l'un pour l'autre. Partout le pieux enfant saluait l'image de sa Mère céleste ; il trouvait chaque jour mille moyens de l'honorer tout en vaquant au soin des troupeaux de son père.

Le démon lui étant apparu un jour sous la forme d'un berger, pour le porter à l'ambition et aux plaisirs, Raymond le reconnut, appela Marie à son aide, et le tentateur disparut avec un cri horrible.

Son père, ayant entendu dire que la dévotion de son fils lui faisait négliger la garde de son troupeau, vint un jour l'épier et fut ravi d'admiration de voir un beau jeune homme éclatant de lumière garder le troupeau pendant que Raymond se livrait à la prière dans une chapelle voisine, aux pieds de l'image de la Vierge.

Raymond était arrivé à l'âge de fixer son avenir. Marie calma ses inquiétudes en lui révélant qu'il devait aller à Barcelone et se faire recevoir dans l'ordre de Notre-Dame-de-la-Merci, pour la rédemption des captifs.

Après on noviciat plein de ferveur, il fut envoyé en Afrique, où, n'ayant pas assez d'argent pour racheter tons les prisonniers, il se donna lui-même en otage, afin de les mettre tous en liberté, et ne fut délivré que quand le surplus du payement fut arrivé.

Il souffrit arec joie tous les outrages de la captivité en union avec le Rédempteur des âmes outragé pour les péchés du monde. Un jour, il faillit être empalé pour avoir instruit et converti plusieurs infidèles ; mais le supplice fut changé en coups de bâtons. La bouche cadenassée, il chantait encore les louanges divines, ce qui fut attribué à des enchantements et donna lieu à une persécution nouvelle.

Après sa délivrance, qui fut moins pour lui un sujet de joie qu'un sujet de tristesse, il fut élevé au cardinalat ; mais, rentré dans son couvent, il y mena la même vie simple qu'auparavant, et ne consentit à changer ni d'habit, ni de logement, ni de genre de vie.

Un jour très froid d'hiver, il avait donné son chapeau à un pauvre vieillard mendiant; la nuit suivante, la sainte Vierge vint, accompagnée de plusieurs saints, déposer une couronne sur sa tête ; et comme l'humble Raymond s'en montrait affligé, il aperçut près de lui Jésus couronné d'épines, ce qui fut pour lui un sujet de douces larmes et de grande consolation.

Près de mourir, il reçut la, communion des mains de Jésus-Christ, et rendit son âme à Dieu l'an 1240. Son visage devint après sa mort d'une beauté éclatante, son corps répandit un suave parfum, et d'innombrables miracles furent opérés par son invocation.

Pratique :
Exercez la charité envers le prochain, même au prix des plus pénibles sacrifices.

samedi 30 août 2008

30 AOUT - SAINT FIACRE

SAINT FIACRE, fils d'un roi d'Ecosse, vivait au VIè siècle; il fut élevé dans la science et la piété par des maîtres habiles. Jeune encore, il sentit son âme enflammée par l'amour de la solitude et le désir de ne vivre que pour Dieu.

Il s'embarqua pour la France, à l'insu de son père, et se choisit, près de Meaux, un lieu retiré, dans une forêt, où l'évêque lui concéda une portion de terre. Saint Fiacre y bâtit un couvent, qu'il consacra à la sainte Vierge, à laquelle il avait voué dès son enfance une dévotion singulière.

Là il mena une vie angélique, tant par son application à Dieu que par la pratique de la plus rude mortification et le soin de subjuguer les moindres saillies des passions mauvaises. Sa sainteté ne manqua pas d'attirer en foule vers lui les pauvres et les pèlerins. Fiacre mangeait peu et employait presque tout le produit du travail de ses mains à la subsistance de ses pieux visiteurs.

On lui amenait des possédés et des malades, et il les délivrait ou les guérissait en grand nombre. Cependant le petit terrain qu'il occupait étant devenu insuffisant pour subvenir à tant d'aumônes et à une si généreuse hospitalité, Fiacre fut obligé d'implorer de l'évêque une nouvelle concession de terre, et le prélat lui permit de prendre et d'utiliser tout ce qu'il pourrait entourer d'un fossé dans l'espace d'une journée.

Chose merveilleuse, Dieu vint au secours du travailleur : la terre se fendait d'elle-même comme par enchantement, et un seul jour suffit au saint pour entourer une étendue considérable. C'est sans doute à cause des travaux de jardinage dont il occupait les loisirs que lui laissaient la prière et le service de Dieu, que saint Fiacre est regardé comme le patron des jardiniers.

Tandis qu'il jouissait tranquillement des délices de la solitude, des envoyés écossais vinrent lui offrir la couronne royale, dont son frère s'était rendu indigne. Fiacre avait en révélation de leur approche et obtint de Dieu, à force de larmes et de prières, de ne pas permettre qu'il sortit de sa chère solitude pour être exposé aux dangers des honneurs du monde. Il devint aussitôt semblable à un lépreux.

Quand les ambassadeurs furent arrivés près de lui, ils ne purent voir sans horreur ce visage défiguré, n'eurent plus aucun désir de le faire monter sur le trône de ses pères et n'éprouvèrent que dégoût pour le fils de leurs rois.

Fiacre, joyeux de leur déconvenue : « Ne croyez pas, leur dit-il, que cette plaie qui me couvre soit un mal naturel ; c'est une grâce que Dieu m'a faite pour m'épargner le danger des grandeurs. » Fiacre mourut dans son ermitage, le 30 août, vers l'an 670 ; il opéra de grands miracles après sa mort.

Pratique: Craignez les honneurs ; soyez convaincu que la vie simple et cachée leur est préférable.

vendredi 29 août 2008

29 AOUT - DECOLLATION DE SAINT JEAN-BAPTISTE

SAINT JEAN-BAPTISTE fidèle à l'impression de l'Esprit de Dieu, se retira dans le désert pour mieux conserver son innocence et cultiver les dons extraordinaires dont il avait été favorisé.

Il y resta depuis son enfance jusqu'à l'âge de trente ans, uniquement occupé des exercices de la pénitence, de la prière et de la contemplation. A sa trentième année, il reparut dans le monde pour y prêcher la pénitence et donner le baptême, qui en était le signe, d'où lui est venu le nom de Baptiste ou Baptiseur.

Déjà le Sauveur lui-même avait reçu le baptême des mains de Jean-Baptiste, et celui-ci avait rendu à l'Agneau de Dieu les plus glorieux témoignages. La vie du saint précurseur touchait à son terme ; il ne lui restait plus qu'à sceller de son sang la divinité de sa mission.

Hérode, gouverneur de la Galilée, menait une vie irrégulière avec Hérodiade, sa belle-sœur; saint Jean, à différentes reprises, blâma avec force un pareil scandale; aussi Hérodiade cherchait-elle l'occasion de se venger.

Depuis trois mois déjà, le courageux défenseur de la vertu était en prison ; mais cette vengeance ne suffisait pas à une femme voluptueuse et cruelle. Un jour qu'Hérode, pour célébrer l'anniversaire de sa naissance, donnait un festin à tous les grands de sa cour, Salomé, fille d'Hérodiade, dansa devant le prince avec tant de grâce, qu'Hérode s'engagea par serment à lui donner tout ce qu'elle demanderait, fût-ce la moitié de son royaume.

La jeune fille sortit et courut raconter à sa mère la promesse dont elle venait d'être l'objet : "Que dois-je demander?" dit-elle à Hérodiade. — Demande la tête de Jean-Baptiste, répond la haineuse femme. Salomé vient aussitôt annoncer à Hérode le choix qu'elle avait fait.

Hérode n'était pas méchant, mais il était faible ; il regretta sa promesse, il fut attristé de la demande ; mais il y avait un fatal point d'honneur à ne pas manquer à sa parole devant toute l'assistance.

Malgré son estime pour Jean-Baptiste, il envoya donc un garde dans sa prison pour lui trancher la tête. L'envoyé accomplit son message homicide et revint bientôt présenter à la princesse, dans un bassin, la tête du martyr, que celle-ci alla aussitôt montrer à sa mère.

Quand cette nouvelle fut annoncée à Jésus, qui la connaissait déjà par sa science divine, il manifesta une profonde douleur. Le crime ne resta pas impuni, car Hérode, vaincu par ses ennemis, perdit sa couronne et périt misérablement.

La fin d'Hérodiade et de sa fille ne fut pas plus heureuse. Le martyre de Jean-Baptiste en présageait bien d'autres, et particulièrement celui du Sauveur, qui arriva l'année suivante.

Pratique: Ne vous laissez jamais arrêter, dans la défense de la vertu, par la crainte des hommes.

jeudi 28 août 2008

28 AOUT - SAINT AUGUSTIN, Evêque d'Hippone

SAINT AUGUSTIN est l'un des plus grands génies qui aient paru sur la terre et l'un des plus grands saints dont Dieu ait orné son Église.

Moine, pontife, orateur, écrivain, philosophe, théologien, interprète de la sainte Écriture, homme de prière et homme de zèle, il est une des figures les plus complètes que l'on puisse imaginer. Ce qu'il y a de plus admirable, c'est que Dieu tira cet homme extraordinaire de la boue profonde du vice pour l'élever presque aussi haut qu'un homme puisse atteindre ; c'est bien à son sujet qu'on peut dire : Dieu est admirable dans ses saints !

-Augustin naquit à Tagaste, en Afrique, l'an 354, et s'il reçut de la part de sa sainte mère, Monique, les leçons et les exemples de la vertu, il reçut les exemples les plus déplorables de la part d'un malheu­reux père, qui ne se convertit qu'au moment de la mort.

A l'histoire des égarements de cœur du jeune et brillant étudiant se joint l'histoire des égarements étranges de son esprit ; mais enfin, grâce à trente années de larmes versées par sa mère, Dieu fit éclater invinciblement aux yeux d'Augustin les splendeurs de la vérité et les beautés seules vraies de la vertu, et le prodigue se donna tout à Dieu : « Le fils de tant de larmes ne saurait périr ! » avait dit un prêtre vénérable à la mère désolée.

Parole prophétique, qui renferme de grands enseignements pour les nombreuses Moniques des Augustins modernes.

C'est à Milan, sous l'influence d'Ambroise, qu'Augustin était rentré en lui-même. La voix du Ciel le rappela en Afrique, où dans une retraite laborieuse et paisible, avec quelques amis revenus à Dieu avec lui, il se prépara aux grandes destinées qui l'attendaient.

Augustin n'accepta qu'avec larmes l'évêché d'Hippone, car son péché était toujours sous ses yeux, selon la parole du psalmiste, et l'humilité fut la grande vertu de sa vie nouvelle. C'est à lui que cette petite ville doit toute sa gloire. Il fut le marteau de toutes les hérésies de son temps ; ses innombrables ouvrages sont un des plus splendides monuments de l'intelligence humaine éclairée par la foi, et ils demeurent comme la source obligée de toutes les études théologiques et philosophiques.

Si les écrits d'Augustin sont admirables par leur science, ils ne le sont pas moins par le souffle de charité qui les anime ; nul cœur ne fut plus tendre que le sien, nul plus compatissant au malheur des autres, nul plus sensible aux désastres de la patrie, nul plus touché des intérêts de Dieu, de l'Église et des âmes.

Il passa les dix derniers jours de sa vie seul avec Dieu, dans le silence le plus absolu, goûtant à l'avance les délices de l'éternité bienheureuse. Sa mort arriva le 28 août 430.

Pratique: Répétez souvent cette belle parole de saint Augustin : « O beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, que je vous ai tard aimée! »

mercredi 27 août 2008

27 AOUT - SAINTE MONIQUE - Mère de Saint AUGUSTIN

SAINTE MONIQUE, Mère de Saint Augustin (332-388)

A l'heure où sont trop oubliés les devoirs de la jeune fille, de l'épouse et de la mère chrétiennes, il est utile de rappeler les vertus de cette admirable femme. Ce que nous en savons nous vient de la meilleure des sources, son fils Augustin.

Monique naquit à Tagaste, en Afrique, l'an 332. Grâce aux soins de parents chrétiens, elle eut une enfance pure et pieuse, sous la surveillance sévère d'une vieille et dévouée servante.

Encore toute petite, elle aimait aller à l'église pour y prier, elle cherchait la solitude et le recueillement; parfois elle se levait même la nuit et récitait des prières. Son coeur s'ouvrait à l'amour des pauvres et des malades, elle les visitait, les soignait et leur portait les restes de la table de famille; elle lavait les pieds aux pauvres et aux voyageurs. Toute sa personne reflétait la modestie, la douceur et la paix. A toutes ces grâces et à toutes ces vertus, on aurait pu prévoir que Dieu la réservait à de grandes choses.

Dieu, qui a ses vues mystérieuses, permit cependant qu'elle fût donnée en mariage, à l'âge de vingt-deux ans, à un jeune homme de noble famille, mais païen, violent, brutal et libertin, presque deux fois plus âgé qu'elle, et dont elle eut beaucoup à souffrir, ainsi que de sa belle-mère.

Dans cette situation difficile, Monique fut un modèle de patience et de douceur; sans se plaindre jamais, elle versait en secret les larmes amères où se trempait sa vertu. C'est par ces beaux exemples qu'elle conquit le coeur de Patrice, son époux, et lui obtint une mort chrétienne, c'est ainsi qu'elle mérita aussi de devenir la mère du grand saint Augustin.

Monique, restée veuve, prit un nouvel essor vers Dieu. Vingt ans elle pria sur les débordements d'Augustin, sans perdre courage et espoir. Un évêque d'Afrique, témoin de sa douleur, lui avait dit: "Courage, il est impossible que le fils de tant de larmes périsse!" Dieu, en effet, la récompensa même au-delà de ses désirs, en faisant d'Augustin, par un miracle de grâce, l'une des plus grandes lumières de l'Église et l'un de ses plus grands Saints.

Monique, après avoir suivi Augustin en Italie, tomba malade à Ostie, au moment de s'embarquer pour l'Afrique, et mourut à l'âge de cinquante-six ans. Augustin pleura longtemps cette mère de son corps et de son âme. Le corps de sainte Monique a été transporté à Rome dans l'église de Saint-Augustin, en 1430. Cette femme illustre a été choisie comme patronne des mères chrétiennes.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
SAINT JOSEPH CALAZANZ, Espagnol de race royale, naquit le 15 septembre 1556. On raconte que, dès l'âge de cinq ans, cet enfant au sang généreux s'armait d'une petite épée, se mettait à la tête de ses compagnons et s'élançait pour faire, comme il le disait naïvement, "la guerre au diable".

Dès son jeune âge il récitait le rosaire, prêchait ses petits camarades et présidait les exercices de piété qu'il leur faisait accomplir. Avec quelle avidité n'écoutait-il pas la lecture de la Vie des Saints, qu'on faisait en famille! Il s'essayait déjà à suivre leurs admirables exemples, prenait son repos sur la dure et savait trouver mille moyens de faire pénitence.

Au collège, on l'appelait le petit saint ; ses succès y furent, du reste, à la hauteur de sa vertu. Il avait vingt-cinq ans, quand ses parents lui proposèrent un mariage en rapport avec sa condition ; mais le saint jeune homme avait fait vœu de chasteté et n'aspirait qu'à l'apostolat.

Dieu favorisa sa vocation en lui envoyant une maladie fort grave, dont il guérit miraculeusement. Dès lors les obstacles étaient aplanis, et Joseph fut ordonné prêtre le 17 décembre 1583. Il occupa pendant huit ans de hautes charges dans son diocèse, où un bien immense s'opéra par son zèle; mais il entendit plusieurs fois une voix lui dire : "Va à Rome, Joseph, va à Rome !".

Il quitta tout pour suivre l'appel de Dieu et partit pour Rome en pèlerin pauvre et inconnu. Il eut occasion de s'y dépenser généreusement, en attendant la manifestation définitive de la volonté de Dieu : visiter et soigner les malades dans les hôpitaux, exhorter les prisonniers, consoler les pauvres, tel était, avec ses exercices de piété, le programme de ses journées.

Levé à minuit, il se livrait à une longue méditation en présence du saint Sacrement, récitait Matines et Laudes à genoux, faisait ensuite la visite des sept basiliques à jeun, course de douze à quinze kilomètres, et passait une partie de son temps à l'étude. Les ceintures de fer, les ciliées, les flagellations, les jeûnes, complétaient son règlement de vie.

Que d'âmes lui ont dû leur salut ! Il suffisait de tomber entre ses mains pour être assuré d'une conversion sincère. Après cinq ans de cette rude vie, Joseph, éclairé sur les besoins du peuple, sentit la nécessité de fonder des écoles gratuites : c'était l'œuvre voulue de Dieu; elle prit le nom d' Écoles pies, c'est-à-dire écoles pieuses et charitables.

Quelques années après, il pouvait dire : « Si j'avais dix mille religieux, je pourrais les employer dans un mois, tant on m'en demande. II mourut le 25 août 1648, à l'âge de quatre-vingt-douze ans, après s'être dévoué cinquante-deux ans à l'éducation de la jeunesse : « Gagner une âme, disait-il souvent, oh ! Combien cela vaut ! Combien cela plaît à Dieu ! »

Pratique: Retenez ce mot du saint de ce jour : "Qui fait du bien aux pauvres fait du bien à Jésus-Christ".

mardi 26 août 2008

26 AOUT - SAINTS ZEPHIRIN et EULADE

SAINT ZEPHIRIN succéda an pape Victor, en 202. Il fut l'appui et le consolateur des fidèles, et sa charité lui fit ressentir ce que souffraient tous les confesseurs. Il est vrai que les triomphes des martyrs étaient pour lui un sujet de joie, mais son cœur éprouva bien des tristesses à l'occasion de la chute des hérétiques et des apostats. Il reçut la couronne du martyre après un long et glorieux pontificat, vers l'an 219.

SAINT EULADE,
évêque de Nevers

SAINT EULADE fut le premier évêque de Nevers. Il était depuis quelque temps atteint de cruelles infirmités qui l'avaient rendu sourd et muet, et incapable de remplir ses fonctions épiscopales, quand saint Séverin, évêque d'Agaune, qui se rendait près du roi Clovis pour guérir ce prince, s'arrêta pour le visiter.

Touché de compassion à la nouvelle de la situation du pieux pontife, il entra dans sa chambre et se prosterna devant Dieu, la face contre terre, demandant avec ferveur sa guérison. Puis il s'approcha et lui dit : « Pontife du Seigneur, conversez avec moi. » Et aussitôt Eulade, recouvrant l'usage de l'ouïe et de la parole, s'écria : « Homme de Dieu, bénissez- moi ; c'est Dieu qui vous a envoyé vers moi ; qu'il soit glorifié dans tous les siècles !

Alors Séverin, lui tendant la main, le souleva de sa couche et lui dit: « Au nom de Jésus-Christ, notre souverain maître, levez-vous et prenez vos vêtements ; remerciez Dieu des épreuves qu'il vous a envoyées, car il ne vous a frappé que pour vous guérir. » Eulade se leva de son lit et remercia le Seigneur, qui l'avait retiré des portes du tombeau. Ce même jour, il se rendit à l'église et offrit le saint sacrifice en présence de son peuple émerveillé d'une guérison si inespérée.

Eulade consacra le reste de sa vie au service de Dieu et s'occupa de la sanctification de son trou­peau avec plus d'ardeur que jamais, il s'endormit dans le Seigneur le 26 août 516 ou 517. . Nous ne saurions rien de ce pieux évêque, si l'historien de saint Séverin ne nous avait transmis ces détails précieux.

Le même jour, l'Eglise célèbre la fête d'un évêque du Mans, saint Victor, qui, après une vie assez obscure, fut élevé à Episcopat par le choix du grand saint Martin et mourut chargé des mérites qu'il avait acquis en travaillant pendant trente-deux ans (390-422) au salut des âmes.

Admirons la Providence de Dieu donnant à la France naissante une foule de glorieux pontifes. L'histoire impartiale le prouve d'une manière éclatante : ce sont les évêques et les moines qui ont formé la France et l'ont éclairée, en même temps que du flambeau de la foi, des lumières de la civilisation.

Partique:
Ayez un grand respect pour les évêques : ils sont nos pères dans la foi.

lundi 25 août 2008

25 AOUT - SAINT LOUIS, ROI DE FRANCE

Le 25 avril 1215, la reine de France, Blanche de Castille, mettait au monde, à Poissy, l'enfant royal qui devait être SAINT LOUIS, le modèle des princes, la gloire du trône de France. Il fut baptisé au même lieu, et en conserva toujours religieusement le souvenir, car plus tard il signait ordinairement Louis de Poissy, marquant par là qu'il estimait la grâce du baptême comme son plus glorieux titre de noblesse.

Sa mère voulut le nourrir elle-même, de peur qu'une nourrice étrangère ne lui infusât, avec le lait, un sang souillé de vices. Tout le monde connaît la belle parole de cette grande reine : « Mon fils, je vous aime après Dieu plus que toutes choses; cependant, sachez-le bien, j'aimerais mieux vous voir mort que coupable d'un seul péché mortel. »

Élevé à une telle école, le jeune Louis montra dès son enfance les grandes vertus qu'il devait faire éclater sur le trône, l'égalité d'âme, l'amour de la justice et une tendre piété. Comme on lui reprochait quelquefois de donner trop de temps aux pieux exercices : « Les hommes sont étranges, disait-il; on me fait un crime de mon assiduité à la prière, et on ne dirait rien si j'employais des heures plus longues à jouer aux jeux de hasard, à courir les bêtes fauves à chasser aux oiseaux. >

Devenu roi, il voulut établir avant tout le règne de Dieu, bien convaincu que c'était le meilleur moyen d'affermir sa propre autorité. On connaît sa loi condamnant les blasphémateurs à subir aux lèvres la marque d'un fer rougi au feu. Un des plus beaux jours de sa vie fut celui où, les yeux baignés de larmes, il alla au-devant des religieux qui apportaient d'Orient la sainte couronne d'épines, et, prenant le précieux fardeau, le porta, pieds nus, dans sa capitale.

A la suite d'une maladie mortelle, guéri miraculeusement, il obéit à une inspiration du Ciel qui l'appelait aux croisades. On le vit, dans ces luttes gigantesques, qui avaient pour but la conquête des lieux saints, faire des prodiges de valeur qui le mettaient au rang des plus illustres guerriers. On se tromperait en croyant que le bon et pieux roi n'eût pas toute la noble fierté qui convenait à son rang.

Les Sarrasins, qui le retinrent longtemps captif, après une désastreuse campagne, eurent lieu d'admirer sa grandeur d'âme, sa foi et son courage. De retour en France, il s'appliqua plus que jamais à faire de la France un royaume puissant et chrétien ; sa vertu le faisait regarder comme l'arbitre des princes d'Europe.

On sait avec quelle justice paternelle il réglait les différends de ses sujets. Saint Louis fut aussi un modèle de pur amour conjugal ; il avait fait graver sur son anneau cette devise : Dieu, France et Mar­guerite. »

Saint Louis mourut de la peste près de Tunis, en se rendant à une nouvelle croisade, le 25 août 1270, après quarante-quatre ans de règne.

Pratique: Faites consister votre dignité dans le soin de porter noblement votre titre de chrétien.

dimanche 24 août 2008

24 AOUT - SAINT BARTHELEMY

BARTHELEMY, appelé par le Sauveur, vécut avec lui, assista à ses prédications, entendit ses paraboles, fut le témoin de ses vertus divines. Après la Pentecôte, il fut envoyé prê­cher l'Évangile dans l'Inde, au delà du Gange. Dans tous les pays qu'il dut traverser, il annonça Jésus-Christ Rédempteur du monde. Son zèle et ses prodiges eurent bientôt changé la face de ces contrées ; non seulement il convertit les foules, mais il ordonna des prêtres pour le seconder, et consacra des évêques.

Quand, plus tard, saint Panthène évangélisa ce pays, il y trouva l'Évangile de saint Matthieu, apporté là par Barthélémy. En quittant les Indes, l'apôtre vint dans la grande Arménie. Dans la capitale de ce pays, il y avait un temple où l'on rendait, les honneurs divins à l'idole Âstaroth, et où l'on allait lui demander la délivrance des sortilèges et lui faire prononcer des oracles ; le prédicateur de la foi s'y rendit, et aussitôt l'idole devint muette et ne fit plus de guérisons. Les démons avouèrent aux prêtres de ce faux dieu que la faute en était à Barthélémy et leur donnèrent son signalement; mais l'apôtre se fit assez connaître par ses miracles; il délivra du démon la fille du roi, et fit faire à l'idole Astaroth, en présence d'une foule immense, l'aveu public de ses fourberies ; après quoi le démon s'en éloigna en grinçant des dents.

Une merveille si éclatante convertit le roi et une multitude de personnes ; la famille royale et douze villes du royaume reçurent bientôt le baptême. Le démon résolut de se venger ; l'apôtre fut saisi par le frère du roi et condamné à être écorché vif. Les bourreaux inhumains s'armèrent de couteaux et de pierres tranchantes et écorchèrent la victime de la tête jusqu'aux pieds ; de telle sorte que, n'ayant plus de peau, son corps montrait une chair sanglante percée de ses os. Il eut la tête tranchée le lendemain, 25 août, vers l'an 71.

Le corps écorché et la peau sanglante de l'apôtre forent enterrés à Albane, en la Haute - Arménie ; il s'y opéra tant de miracles, que les païens, furieux de voir une affluence si considérable de chrétiens vénérer les saintes reliques, enfermèrent le corps du bienheureux dans un cercueil de plomb et le jetèrent à la mer, en disant : " Barthélémy, tu ne tromperas plus le peuple ! "

Mais le cercueil, flottant sur l'onde, vint heureusement à l'île de Lipari, près de la Sicile. Plus tard, en 831, les Sarrasins s'emparèrent de cette île et dispersèrent les saintes reliques ; mais un moine reçut, dans une vision, l'ordre de recueillir les ossements de l'apôtre, qu'il distingua entre d'autres par l'éclat céleste dont ils brillaient. Le corps de saint Barthélémy est aujourd'hui à Rome, son chef à Toulouse.


Pratique: Combattez à outrance le démon, ne lui laissez aucun empire sur vous.

samedi 23 août 2008

23 AOUT - SAINT PHILIPPE BENITI

SAINT PHILIPPE BENITI était originaire d'une des plus nobles familles de Florence. Dès sa plus tendre enfance, on eût pu présager ce qu'il devait être un jour ; à peine âgé d'un an, il s'écria, à la vue de quelques frères Servites : « Ce sont là les serviteurs de la Vierge Marie! Tout lui souriait : après ses brillantes études de médecine, à Paris et à Padoue, un bel avenir s'ouvrait devant lui ; mais la grâce l'appelait à de plus grandes choses, et il entra dans l'Ordre récent des Servites. Il y fut reçu comme frère convers, grâce à son humilité, qui lui fit déguiser ses talents ; mais son mérite, bientôt découvert, ne tarda pas à changer les sentiments de ses supérieurs.

Au jour de sa première messe, toute l'assemblée entendit distinctement des vois célestes chanter : Sanctus, sanctus, sanctus... Quelques années plus tard, après avoir passé par toutes les dignités secondaires, il se voyait acclamé supérieur général de son ordre par la voix unanime des religieux. Sous sa direction, l'Ordre des Servites, encore peu répandu, prit bien vite un développement extraordinaire. A la mort du pape Clément IV, les suffrages des cardinaux se portèrent sur l'humble religieux, et il n'échappa à cet honneur suprême qu'en prenant la fuite dans les montagnes où il trouva une retraite inaccessible. Là il attendit l'élection d'un pape en se livrant à tous les exercices de la vie la plus austère.

Le jeûne était sa nourriture, les veilles son soulagement et son repos, l'entretien avec Dieu sa récréation et son divertissement. Il ne mangeait point de pain, mais seulement des herbes sauvages, et ne buvait que de l'eau ; encore lui manqua-1-elle bientôt. La Providence vint alors à son secours, car il frappa trois fois la terre de son bâton, et il en sortit une fontaine abondante, devenue depuis doublement miraculeuse par les guérisons qui s'y sont opérées.

Au sortir de sa retraite profonde, Philippe, sous l'inspiration de Dieu, parcourut les pays d'Europe, y fondant des établissements de Servites et laissant sous ses pas la trace d'innombrables merveilles. Parmi ses miracles, on signale le suivant : Un jour un pauvre lépreux vint lui demander l'aumône : "Je n'ai ni or ni argent, lui dit-il ; mais ce que j'ai, je vous le donne". Et à l'instant, quittant sou manteau, il en vêtit le pauvre lépreux, qui fut aussitôt guéri.

Les travaux et les pénitences avaient usé avant l'âge le corps de Philippe, c'est à son monastère de Tödi qu'il alla mourir. En y arrivant : C'est ici le lieu de mon repos à jamais, » dit-il. Le lendemain, fête de l'Assomption, la fièvre le prit ; huit jours après, il recevait les derniers sacrements : "C'est vous, Seigneur, en qui j'ai cru, s'écria-t-il en apercevant l'hostie ; c'est vous que j'ai cherché, que j'ai prêché, que j'ai aimé." II mourut en demandant son livre, c'est-à-dire son crucifix, le 23 août 1285.


Pratique : « Aimez à être inconnu et compté pour rien. » (Imitation de /.- C.)

vendredi 22 août 2008

22 AOUT - SAINT SYMPHORIEN

SAINT SYMPHORIEN, né à Autun, appartenait à l'une des familles de cette ville les plus illustres par ses ancêtres, par ses richesses et par ses fonctions. Il resta pur au milieu des dangers de la jeunesse ; avec le rayonnement de la vertu, son beau front reflétait la noblesse et l'intelligence; il était déjà l'ornement de la cité.

Un jour que le peuple, en grande partie païen, célébrait la fête de la déesse Cybèle, Symphorien témoigna hautement son mépris pour ces démonstrations ridicules et refusa de joindre ses hommages à ceux de la foule. Il n'en fallait pas davantage pour être saisi et traîné devant les tribunaux : « Déclare ton nom et ta condition, lui dit le juge. — Je m'appelle Symphorien, et je suis chrétien. — Pourquoi n'as-tu pas voulu adorer la déesse?— Je n'adore que le Dieu vivant; quant à votre déesse, donnez-moi un marteau, et je la briserai en mille pièces. — Si tu ne veux pas obéir à l'édit des empereurs, tu payeras ta révolte de ton sang. — Dieu punit les méchants, mais il récompense les justes en proportion de leurs mérites; je n'ai donc point lieu de craindre tes supplices ; plus je souffrirai, plus ma couronne sera belle. »

Après une sanglante flagellation, le jeune martyr fut jeté dans on noir cachot ; quelques jours après, non seulement on ne le trouva pas amolli, mais il se montra plus ferme encore. Comme le juge l'exhortait à sacrifier aux idoles : « Ne perdez pas votre temps en discours vains et frivoles, » lui dit Symphorien. Le juge insistant, pour le flatter, sur les honneurs qui l'attendaient : « Les biens des chrétiens, dit-il, leurs honneurs, ne sont pas de ce monde ; le monde passe comme une ombre; Dieu seul donne le vrai bonheur. —Obéis, dis le juge furieux, ou je te condamne à mort! — Je crains Dieu seul ; vous avez pouvoir sur mon corps, mais vous ne pouvez rien sur mon âme. — Symphorien, vous êtes condamné à périr par le glaive! »

C'est alors qu'eut lieu une scène sublime. La mère du jeune martyr avait assisté à sa glorieuse confession de foi ; elle voulait assister à son couronnement et suivit le cortège jusqu'aux murailles de la cité, prés du lien où devait s'accomplir le sacrifice. Là, du haut des remparts, cette femme, digne émule de la mère des Machabées, fit entendre à son fils cette exhortation touchante : « Mon fils Symphorien, Symphorien mon fils, souvenez-vous du Dieu vivant. Courage, mon fils, courage. Nous ne pouvons craindre la mort quand elle nous conduit à la vie. Regardez en haut, mon enfant, regardez Celui qui règne au ciel ! Non, votre vie n'est pas perdue, vous allez en trouver une meilleure, et, par un heureux échange, vous allez goûter une félicité sans fin? » Quelle leçon pour tant de mères, homicides par leur lâcheté de l'âme de leurs enfants ! Fortifié par ces paroles, le jeune chrétien livra sans hésiter sa tête au fer du bourreau. C'était vers l'an 178.


Pratique : N'écoutez pas la voix de la chair et da sang; que la foi seule inspire votre conduite.

jeudi 21 août 2008

21 AOUT - SAINT-JEANNE FREMIOT DE CHANTAL

JEANNE-FRANCOISE DE CHANTAL réunit en elle toutes les distinctions, celle de la naissance, celle de l'esprit, celle surtout de la sainteté. Elle vint au monde à Dijon, le 28 janvier 1572. Admirable en tout, dès son bas âge elle brilla surtout par un zèle ardent pour la foi catholique.

A cinq ans, on la vit reprendre avec force un hérétique qui parlait contre la présence réelle : "Monsieur, lui dit-elle, vous ne croyez pas que Jésus-Christ soit dans l'Eucharistie ; cependant il a dit qu'il y était ; vous croyez donc qu'il n'a pas dit la vérité?" Le protestant, ne sachant que répondre, voulut fermer la bouche de l'enfant en lui offrant des dragées; mais elle les jeta au feu avec mépris, en disant : « Voilà, monsieur, comment les hérétiques brûleront en enfer pour n'avoir pas cru aux paroles de Jésus-Christ ! »

Agée de vingt ans, elle fut donnée en mariage à un époux digne d'elle, le baron de Chantal. Dieu donna de nombreux et charmants enfants à ces époux modèles ; rien ne manquait à leur bonheur, quand une catastrophe épouvantable vint le briser : le baron fut blessé à la chasse, par accident, de la main d'un de ses amis, et mourut pieusement quelques jours après. Jeanne avait vingt-huit ans.

Elle reçut ce coup terrible sans faiblir et fit à Dieu, à l'instant même le vœu de chasteté parfaite se traça un plan de vie austère, se vêtit sans luxe, porta le cilice et se donna tout entière à sa sanctification et à l'éducation de ses enfants. Dieu lui fit bientôt rencontrer saint François de Sales, à Dijon même-, dès lors elle se mit sous sa direction, et sa vie s'éleva rapidement à une perfection supérieure.

"J'ai trouvé à Dijon, pouvait dire le saint, la femme forte, en Mme de Chantal. » Après avoir montré au monde le modèle de la mère chrétienne, Dieu va faire éclater en l'illustre sainte le modèle sublime de la perfection religieuse. Elle devient fondatrice de l'Ordre de la Visitation. La séparation fut pour elle un sacrifice sublime ; il lui fallut résister aux cris et ans larmes et passer par-dessus le corps de son fils aîné, qui s'était couché sur le seuil de la porte, criant : « Maman, ne me quittez pas ! »

Une telle âme devait franchir à grands coups d'ailes les sommets de là plus haute sainteté. Elle en vint à faire le vœu effrayant de choisir toujours ce qui lui paraîtrait le plus parfait. L'amour de Dieu possédait son âme au point qu'elle n'en pouvait supporter l'ardeur et qu'elle en devenait malade : « Ah ! disait-elle, si le monde connaissait la douceur d'aimer Dieu, il mourrait d'amour ! »

Bientôt le feu de l'amour ne consuma pas seulement le sacrifice, mais l'autel même, et Jeanne-Françoise alla rejoindre au sein de Dieu, le 16 décembre 1641, son saint directeur, mort depuis dix-neuf ans. Saint Vincent de Paul vit son âme monter au ciel sons la forme d'un globe de feu et rejoindre l'âme de saint François de Sales, brillante du même éclat.

Pratique. Retenez la belle devise de sainte Jeanne-Françoise : "Mourir à soi pour vivre à Dieu. »

Extrait de La Vie des Saints de l'Abbé Louis Jaud, 1950, Tours, Mame

mercredi 20 août 2008

20 AOUT - SAINT BERNARD

SAINT BERNARD, le prodige de son siècle, naquit en 1091, au château de Fontaines, près de Dijon, d'une famille distinguée par sa noblesse et par sa piété, et fut, dès sa naissance, consacré au Seijrneur p:ir sa mère, qui avait eu en songe le pressentiment de sa sainteté future. Une nuit de Noël, Bernard, tout jeune encore, assistait à la messe de Noël; il s'endormit, et pendant son sommeil il vit clairement sous ses yeux la scène ineffable de Bethléhem, et contempla Jésus entre les bras de Marie.

A dix-neuf ans, malgré les instances de sa famille, il obéit à l'appel intérieur de Dieu, qui le voulait dans l'Ordre de Cîteaux; mais il n'y entra pas seul; par ses prières et par ses exhortations, il décida six de ses frères et vingt-quatre autres gentilshommes à le suivre.

L'exemple de cette illustre jeunesse et l'accroissement de ferveur qui en résulta pour le couvent suscitèrent tant d'autres vocations, qu'on se vit obligé de faire de nouveaux établissements. Bernard fut le chef de la colonie qu'on envoya fonder à Clairvaux, monastère qui devint célèbre et fut la source de cent soixante fondations, du vivant même de notre saint. Cependant Bernard, dès ses premiers pas dans la vie religieuse, atteignait les sommets de la perfection.

Chaque jour, pour animer sa ferveur, il avait sur.les lèvres ces mots : « Bernard, qu'es-tu venu faire ici? » II y répondait à chaque fois par des élans nouveaux. Il réprimait ses sens au point qu'il semblait n'être plus de la terre; voyant, il ne regardait point; entendant, il n'écoutait point ; goûtant, il ne savourait point. C'est ainsi qu'après avoir passé un an dans la chambre des novices, il ne savait si le plafond était lambrissé ou non; après être entré souvent dans l'église, il ignorait si elle était éclairée par une fenêtre ou par plu­sieurs ; côtoyant un lac, il ne s'en aperçut même pas ; un jour, il but de l'huile pour de l'eau, sans se douter de rien.

Bernard avait laissé au château de sa famille, Nivard, le plus jeune de ses frères : "Adieu, cher petit frère, lui avait-il dit; nous t'abandonnons tout notre héritage". — Oui, je comprends, avait répondu l'enfant, tous prenez le ciel et vous me laissez la terre; le partage n'est pas juste.

Plus tard, Nivard vint avec son vieux père rejoindre Bernard au monastère de Clairvaux. Le saint n'avait point étudié dans le monde ; mais l'école de l'oraison suffit à faire de lui un grand docteur, admirable par la science et la suavité de ses écrits. Il fut le conseiller des évêques, l'ami des papes, l'oracle de son temps.

Mais sa principale gloire, entre tant d'autres, semble être sa dévo­tion incomparable envers la très sainte Vierge. Peu de jours avant sa mort, qui arriva le 20 août 1153, il dit à ses frères : « Le temps est venu d'arracher l'arbre stérile et de rappeler le serviteur inutile. »

Pratique. Cherchez dans l'oraison assidue la science des saints.

mardi 19 août 2008

19 AOUT - SAINT LOUIS, EVEQUE DE TOULOUSE

Saint Louis, évêque de Toulouse, petit-neveu de saint Louis, roi de France, fils de Charles le Boiteux, roi de Naples et de Jérusalem, naquit à Brignoles, en Provence, l'an 1274. D parut, dès son enfance, n'avoir d'inclination que pour la vertu. Ses récréations même se rapportaient à Dieu ; il n'en choisissait que de sérieuses et ne s'y livrait que pour donner à son corps l'exercice nécessaire et conserver la vigueur de son esprit. Sa promenade ordinaire consistait à visiter les églises et les monastères. A l'âge de sept ans, il pratiquait déjà la pénitence, et souvent il couchait sur une natte étendue auprès de son lit. Il fut tout particulièrement remarquable par sa pureté angélique, qui ne se ressentit en rien de la mollesse des cours ni des séductions qu'il put rencontrer dans le monde. Sa charité pour les pauvres était extraordinaire.

Un jour qu'il sortait des cuisines du palais, son père, prévenu par des valets malveillants, lui demanda ce qu'il portait sous son manteau. Louis, tremblant, ouvre le manteau, qui ne contenait qu'un bouquet de fleurs magnifiques, bien qu'on fût en hiver. A l'âge de quatorze ans, il fut envoyé comme otage, avec deux de ses frères, au roi d'Aragon, qui retenait son frère prisonnier. Pendant ses sept ans de captivité, il répandit autour de lui le parfum de la patience et de la résignation et fut l'ange consolateur de ses compagnons d'infortune. A son retour dans sa patrie, Louis rencontra sa mère à Florence; il reçut ses tendres embrassements, après une si longue absence, sans même lever les yeux pour considérer son visage, tant la modestie de l'angélique jeune homme était extraordinaire. Une fois libre, Louis s'abandonna aux pieux excès de cette charité qu'il avait tant aimée dès son enfance. Il chérissait surtout les lépreux, les recherchait, les embrassait tendrement, et baisait respectueusement leurs horribles plaies. Dans une maladie mortelle, il fit vœu d'embrasser la vie religieuse, s'il guérissait. Il guérit en effet, refusa les offres séduisantes d'un mariage royal, renonça même au trône de son père et s'enrôla sous la bannière du séraphique François d'Assise.

A peine avait-il consommé son sacrifice, que Dieu l'appela à de plus hautes destinées ; à Tringt-dem ans il fut nommé, par le pape, évêque de Toulouse. Son amour pour les pauvres devint plus héroïque que jamais. Un jour qu'a sortait de consoler une pauvre malade fort misérable, ses serviteurs lui firent remarquer que son vêtement était couvert de vermine : Ce sont là, dit-il en souriant, les perles des pauvres. » Il semble que Dieu ait voulu seulement montrer à la terre ce saint pontife. Au moment de son dernier soupir, une belle rosé sortit de sa bouche, et un saint religieux vit les anges emporter son âme vers les cieux, le 19 août 1297.

Pratique. Imitez, dans vos rapports avec le monde, la réserve des saints.

lundi 18 août 2008

18 AOUT - SAINTE HELENE et SAINT AGAPET


SAINTE HELENE naquit vers le milieu du III" siècle. Voici ce que dit saint Ambroise : « Hélène, première femme de Constance Chlore, qui ceignit depuis la couronne impériale, était, paraît-il, une humble fille d'étable. Noble fille d'étable, qui sut mettre tant de sollicitude dans la recherche de la crèche sacrée !

Noble fille d'étable, à qui fut réservé de connaître l'étable de Celui qui guérit les blessures de l'humanité déchue ! Noble fille d'étable, qui préféra les abaissements du Christ aux dignités trompeuses du monde ! Aussi le Christ Ta-t-il élevée de l'humilité de l'étable au sommet des grandeurs humaines. »

La gloire de sainte Hélène c'est d'avoir été la mère du grand Constantin. « Constantin, dit saint Paulin de Noie, doit plus à la piété de sa mère qu'à la sienne d'avoir été le premier empereur chrétien. » Contrairement aux autres empereurs, Constance Chlore reconnaissait le vrai Dieu.

Les prêtres chrétiens étaient admis à sa cour et y vivaient en paix. Une telle bienveillance ne peut être attribuée qu'à l'influence de l'impératrice sur le cœur de son époux. Sainte Hélène a donc joué un grand rôle dans la fin des persécutions, puisqu'elle fut l'épouse et la mère des deux hommes qui, sous son influence, protégèrent le christianisme.

Qui sait même si les prières d'Hélène ne méritèrent point à Constantin l'apparition miraculeuse de la croix par laquelle il remporta la victoire et devint seul maître de l'empire ? Un autre événement remarquable dans la vie de sainte Hélène, c'est la découverte de la vraie croix du Sauveur, dont l'Église célèbre le souvenir le 3 mai. Hélène vivait sans faste et sans étalage de grandeurs.

Nourrir les pauvres, donner aux uns de l'argent, aux autres des vêtements, à d'autres une maison ou un coin de terre, c'était son bonheur. Sa bonté s'étendait aux prisonniers, aux exilés, à tons les malheureux.

Le peuple ne pouvait voir sans une joie mêlée de larmes son impératrice venir en habits simples et communs prendre sa place à l'église dans les rangs des fidèles : une telle conduite, inconnue au paganisme, n'a sa source que dans l'Évangile. Hélène eut, avant sa mort, la consolation de voir Constantin, non seulement protecteur de la religion de Jésus-Christ, mais chrétien lui-même. Elle quitta cette terre l'an 328.

Saint Agapet ou Agapit était un jeune moine qui vivait à Palestrina, près de Rome. Il fut battu à coups de nerfs de bœuf, puis jeté en prison et laissé quatre jours sans nourriture. Il endura plusieurs fois les charbons ardents sur la tête, la flagellation, la suspension de son corps, la tête en bas, au-dessus d'une épaisse fumée. Ses réponses admirables et son courage convertirent des centaines de chrétiens. Après divers autres supplices, livré aux bêtes et épargné par elles, il eut la tête tranchée (an 274).


Pratique. Aimez les défenseurs de la religion, priez pour eux.