"Il n’y a pas d’autre différence entre l’Évangile et la vie des Saints
qu’entre une musique notée et une musique chantée.”
(Saint François de Sales.)
Saint Bruno naquit
à Cologne en 1035, d'une famille de première noblesse. Ses magnifiques
succès épouvantèrent son âme, désireuse de ne vivre que pour DIEU. Il
songeait à quitter ce monde, où il était déjà appelé aux grands
honneurs, quand un fait tragique décida complètement sa vocation.
Bruno comptait
pour ami, à l'université de Paris, le célèbre chanoine Raymond, dont
tout le monde admirait la vertu non moins que la science. Or cet ami
vint à mourir, et pendant ses obsèques solennelles, auxquelles Bruno assistait,
à ces paroles de Job : "Réponds-moi, quelles sont mes iniquités?» le
mort se releva et dit d'une voix effrayante: «Je suis accusé par un
juste jugement de DIEU!"
Une
panique indescriptible s'empara de la foule, et la sépulture fut remise
au lendemain ; mais le lendemain, au même moment de l'office, le mort
se leva de nouveau et s'écria : "Je suis jugé par un juste jugement de
DIEU !" Une nouvelle terreur occasionna un nouveau retard.
Enfin,
le troisième jour, le mort se leva encore et cria d'une voix plus
terrible : "Je suis condamné au juste jugement de DIEU !" Bruno brisa
dès lors les derniers liens qui le retenaient au monde, et inspiré du
Ciel, il se rendit à Grenoble, où le saint évêque Hugues, répondant à
ses inspirations vers la solitude la plus profonde, lui indiqua ce
désert affreux et grandiose à la fois, si connu depuis sous le nom de
Grande-Chartreuse.
Il
fallut franchir de dangereux précipices, s'ouvrir un chemin à coups de
hache dans des bois d'une végétation puissante, entremêlés de ronces
épaisses et d'immenses fougères; il fallut prendre le terrain pied à
pied sur les bêtes sauvages, furieuses d'être troublées dans leur
possession paisible. Quelques cellules en bois et une chapelle furent le
premier établissement.
Le travail, la prière, un profond silence du côté des hommes, tel fut pour Bruno l'emploi
des premières années de sa retraite. Heureux de se croire oublié, il
fit du désert sa patrie; mais la renommée s'attachait à ses pas ; il dut
aller, pendant plusieurs années, servir de conseiller au saint pape
Urbain II, puis refusa avec tant de larmes l'archevêché de Reggio, que
le pape eut pitié de lui, le rendit à sa vie solitaire et l'envoya
fonder en Calabre un nouveau couvent de son Ordre.
L'approche
de sa dernière heure le trouva plein de confiance. Pendant que ses
frères désolés entouraient son lit de planches couvert de cendres, Bruno parla
du bonheur de la vie monastique, fit sa confession générale et demanda à
ses frères si, après le récit d'une vie si misérable, ils ne le
jugeaient pas indigne de la sainte EUCHARISTIE.
Ils
ne lui répondirent que par des sanglots, et le soulevèrent dans leurs
bras pendant qu'il recevait avec une foi ardente le Viatique suprême ;
peu après, il s'endormit sans agonie au milieu de sa famille désolée.
Pratique: Aimez la solitude ; plus vous quitterez le monde, plus vous trouverez DIEU.
"Ô Marie conçue sans péché,
priez pour nous qui avons recours à Vous"
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