mardi 31 mars 2020

1er Avril : SAINT HUGUES, Évêque de Grenoble

CARÊME : CONTRADICTIONS ET OPPOSITIONS
Mercredi de la Passion
DIEU NOUS PARLE : Jésus dit aux Juifs : « : Mon Père et moi, nous sommes un (...) » Alors les Juifs prirent des pierres pour le lapider.

(Évangile – Saint Jean 10, 30-31)


Saint Hugues naquit à Châteauneuf d'Isère, près de Valence, en Dauphiné, l'an 1053. Pendant que sa mère le portait dans son sein, elle eut un songe où il lui semblait mettre au monde un bel enfant que Saint Pierre, accompagné d'autres saints, emportait dans le ciel et présentait devant le trône de DIEU.

Cette vision fut pour ses parents un présage de hautes et saintes destinées; aussi soignèrent-ils son éducation et n'hésitèrent-ils pas à favoriser sa vocation ecclésiastique. Choisi, jeune encore, par l'évêque de Valence, pour être chanoine de sa cathédrale, il se vit à vingt-sept ans, obligé d'accepter le siège épiscopal de Grenoble, devenu vacant.
Il voulut recevoir l'onction épiscopale des mains du pape Grégoire VII, qui connaissant à l'avance son mérite et ses vertus, lui dévoila toute son âme et lui inspira un zèle ardent pour la liberté de l'Église et pour la sanctification du clergé.
Hugues trouva son évêché dans le plus lamentable état ; tous les abus de l'époque y régnaient en maîtres. Le nouveau pontife fit d'incroyables efforts pour raviver la foi et relever les mœurs ; ses efforts étant infructueux, il résolut de quitter sa charge et se réfugia au monastère de la Chaise-Dieu ; mais bientôt le pape, instruit de ce qui se passait, lui ordonna de retourner à son évêché et de préférer le salut des âmes à son repos personnel.
C'est dans les années suivantes que Saint Bruno vint fonder dans son diocèse l'admirable institution de la Chartreuse. Hugues allait souvent dans cet ermitage et vivait avec les Chartreux comme le dernier d'entre eux ; son attrait pour la solitude était si fort, qu'il ne pouvait se décider à quitter cette austère retraite, et Bruno se voyait obligé de lui dire : « Allez à votre troupeau; il a besoin de vous ; donnez-lui ce que vous lui devez. »
Cependant Hugues, par la puissance de sa sainteté, opérait un grand bien dans les âmes ; ses prédications véhémentes remuaient les foules et touchaient les cœurs ; au confessionnal, il pleurait souvent avec ses pénitents et les excitait à une plus grande contrition. Après quelques années d'épiscopat, son diocèse avait changé de face.
Parmi ses hautes vertus, on remarqua en lui une modestie si grande, qu'après cinquante d'épiscopat il ne connaissait qu'un visage de femme, celui de sa vieille servante. Dur pour lui-même, il se montrait prodigue pour les pauvres et alla jusqu'à vendre pour eux anneau et son calice.

Toujours il se montra d'une énergie indomptable pour la défense des intérêts de l'Église; jamais la crainte n'entra dans son âme ni ne dirigea sa conduite, et il restera toujours comme l'un des beaux modèles de noble indépendance et de fier courage.

Hugues dut se résigner à vivre et à mourir dans sa charge, sans pouvoir habiter cette Chartreuse où était son cœur. Il eut du moins la consolation de laisser à son successeur un diocèse entièrement transformé. Sa mort arriva le 1er avril 1132.

Pratique: Dans les épreuves de l'Église, déclarez-vous toujours franchement pour elle. 

"Ô Marie conçue sans péché, 
priez pour nous qui avons recours à Vous"

lundi 30 mars 2020

31 Mars : SAINT BENJAMIN, Diacre et Martyr / SAINT NICOLAS DE FLÜE, Ermite en Suisse

CARÊME : LA HAINE DU MONDE
Mardi de la Passion
DIEU NOUS PARLE : Jésus parcourait la Galilée, et il ne voulut pas traverser la Judée, car les Juifs cherchaient à le faire mourir.

(Évangile – Saint Jean 7, 1)

L'un des plus illustres martyrs de Perse fut le diacre Benjamin. Ayant refusé de promettre de ne plus instruire les mages persans dans la religion chrétienne, il fut arrêté par ordre du roi, qui entreprit de l'effrayer par ses menaces. 

Mais Benjamin, toujours inébranlable, fut victime de la cruauté la plus inouïe. Sa bienheureuse mort arriva l'an 424. 

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LE BIENHEUREUX NICOLAS DE FLÜE 

Ermite en Suisse


Le bienheureux Nicolas de Flüe naquit en Suisse, de parents pieux, en 1417. Un jour, à la vue d'une flèche élancée, sur une montagne voisine, il fut épris du désir du ciel et de l'amour de la solitude. Il se maria pour obéir à la volonté formelle de ses parents et eut dix enfants.


Son mérite et sa vertu le firent choisir par ses concitoyens pour exercer des fonctions publiques fort honorables. Sa prière habituelle était celle-ci : "Mon SEIGNEUR et mon DIEU, enlevez de moi tout ce qui m'empêche d'aller à vous. Mon SEIGNEUR et mon DIEU, donnez-moi tout ce qui peut m'attirer à vous. Mon SEIGNEUR et mon DIEU, prenez-moi à moi et donnez-moi à vous."


II avait cinquante ans, quand une voix intérieure lui dit : « Quitte tout ce que tu aimes, et DIEU prendra soin de toi. » II eut à soutenir un pénible combat, mais se décida en effet à tout quitter, femme, enfants, maison, domaine, pour servir DIEU. Ce fut un jour de larmes accompagnées de résignation dans la maison de Nicolas     


Il s'éloigna pieds nus, vêtu d'une longue robe de bure, un chapelet à la main, sans argent, sans provisions, en jetant un dernier regard tendre et prolongé vers les siens. La nouvelle de sa présence s'était répandue bientôt, et il se fit près de lui une grande affluence. Chose incroyable, le Saint ermite ne vécut, pendant dix-neuf ans, que de la Sainte Eucharistie ; les autorités civiles et ecclésiastiques, saisies du fait, firent surveiller sa cabane et constatèrent la merveille d'une manière indubitable.


La Suisse, un moment divisée, était menacée dans son indépendance par l'Allemagne. Nicolas de Flüe, vénéré de tous, fut choisi pour arbitre et parla si sagement, que l'union se fit, à la joie de tous, et la Suisse fut sauvée. On mit les cloches en branle dans tout le pays, et le concert de jubilation se répercuta à travers les lacs, les montagnes et les vallées, depuis le plus humble hameau jusqu'aux grandes villes. 

Nicolas fut atteint, à l'âge de soixante-dix ans, d'une maladie très aiguë qui le tourmenta huit jours et huit nuits sans vaincre sa patience. Il rendit l'âme le 21 mars 1487. La Suisse l'aime et le vénère comme l'un de ses patrons les plus populaires. 

Pratique. Renoncez à vous pour être à DIEU ; moins vous serez à vous, plus vous serez à DIEU. 

 "Ô Marie conçue sans péché, 
priez pour nous qui avons recours à Vous"

dimanche 29 mars 2020

30 Mars : SAINT JEAN CLIMAQUE, Abbé

CARÊME : LA PÉNITENCE CHRÉTIENNE
Lundi de la Passion
DIEU NOUS PARLE : Jonas cria en disant : «  Encore quarante jours et Ninive sera détruite. »  Et les Ninivites crurent Dieu.  Ils proclamèrent un jeûne (…) depuis le plus grand jusqu’au plus petit. (…) Et Dieu vit qu’ils s’étaient convertis de leur mauvaise voie et il eut pitié de son peuple.
(Épître – Jonas 3, 4-5 et 10)

On ignore le lieu précis et la date de la naissance de ce saint, mais on croit qu'il vécut de l'an 525 à l'an 605. Son nom de CLIMAQUE lui vient du beau livre qu'il composa sous le titre grec de Climax ou Échelle du ciel.

La Palestine fut son premier séjour ; à seize ans, il quitta le monde pour se donner entièrement à DIEU dans un monastère du mont Sinaï. A dix-neuf ans, le jeune moine, sous la conduite d'un saint religieux nommé Martyrius, travailla sans relâche à sa perfection et y fit des progrès si rapides, qu'ils étonnaient son maître lui-même. 

A la mort de son maître, Jean se retira dans une solitude profonde, afin d'y mener une vie plus parfaite encore. Une croix de bois, une table formée de quatre planches grossières et le livre des saintes Écritures, avec quelques ouvrages des saints Pères, en faisaient tout l'ameublement. C'est là qu'il vécut quarante ans, de la vie d'un ange plutôt que de la vie d'un homme. Détaché du monde, affranchi pour ainsi dire du corps par la mortification, il s'élevait librement jusqu'à DIEU, s'abîmait dans des contemplations sublimes et s'entretenait suavement avec les anges des mystères de la foi. 

Ses deux yeux étaient deux fontaines de douces larmes qu'il versait dans le secret de la solitude, veillant à n'être observé par personne. Il eût voulu noyer dans ses pleurs tous les crimes de la terre ; il gémissait aussi sur son trop long exil et soupirait après la patrie céleste ; mais le plus souvent ses larmes étaient des larmes de joie, d'admiration et de débordant amour, excitées par la contemplation des merveilles divines qui lui étaient révélées. 

Est-il étonnant que, nouveau Jean-Baptiste, il vit les foules accourir à lui pour recevoir les leçons de la pénitence et de la vie chrétienne ? A chacun il traçait des règles salutaires ; sa bénédiction guérissait les malades, fortifiait les faibles, consolait les affligés, touchait les obstinés et les convertissait plus que les raisonnements de la science. 

Grande était la puissance de Jean Climaque contre le démon ; il sut le vaincre et le décourager dans les combats qu'il lui fit subir à lui-même ; il fut terrible aussi à l'ennemi du salut en le chassant de l'âme de ses frères. Un solitaire nommé Isaac vint se jeter à ses pieds, le suppliant de le délivrer des obsessions impures dont le démon le pressait sans relâche : « La paix soit avec vous, mon frère ! » dit le saint. 

A ces mots, il se mit avec lui en prière. Le visage du saint devint resplendissant d'une clarté céleste qui se répandait dans la grotte, et le démon poussait d'affreux rugissements. La prière terminée, Isaac se releva paisible et délivré pour toujours. 

Jean Climaque fut élu, à soixante-quinze ans, abbé du Sinaï, et devint de plus en plus l'ange et l'oracle du désert jusqu'à sa mort, qui arriva cinq ans plus tard. C'est à la fin de sa vie qu'il écrivit le livre d'où il tire son nom. 

Pratique. Ne soyez point curieux des choses de la terre ; appliquez-vous aux choses éternelles. 

"Ô Marie conçue sans péché, 
priez pour nous qui avons recours à Vous"

samedi 28 mars 2020

THE TIME OF THE PASSION



We enter the Time of the Passion. From this moment on, our gaze turns to the divine Crucified, as the preface of the cross invites us.

The serious and dramatic character of this liturgical period is manifested in a sensitive way by the rules of the Church during this fortnight.  The statues are veiled to show that the servant must fade when the glory of the Master is eclipsed.  The cross itself is veiled to recall the humiliations of Our Lord, forced to hide so as not to be stoned by the Jews.  The Gloria Patri is removed from the introite and the lavabo as a sign of sadness and the psalm Judica me (Ps 42) is no longer said at the prayers at the bottom of the altar.  In this psalm, in fact, we ask: « Why are you sad, my soul? Why are you disturbing me?» So you want to drive away the sadness of your heart, but today we have every reason to be sad…



These external signs, which strike our senses, show us that we are entering a very special period of the liturgical year.  Their purpose is to direct our minds and hearts to the mysteries we will meditate on.  These signs are there to prepare our souls to contemplate the great mystery of our redemption.



If, in fact, during the first part of Lent, the Church has invited us to atone for our sins through penance, she then asks us to join in the sufferings of Our Lord in order to better understand the gravity of sin, but also the depth of God’s love for us.

It is necessary that sin be something serious for having brought about such expiation, but it is also necessary that the good God love us with a sublime love for having accepted such sufferings in order to atone for it in our place!

in "Lent for every day" by Abbot Patrick Troadec, FSSPX


LE TEMPS DE LA PASSION


Maitre autel de Saint Eugène-Sainte Cécile

Nous entrons dans le Temps de la Passion.  Dès lors notre regard se porte vers le divin Crucifié, comme nous y invite la préface de la croix.

Le caractère grave et dramatique de cette période liturgique est manifesté de façon sensible par les règles de l’Église au cours de cette quinzaine.  Les statues sont voilées pour montrer que le serviteur doit s’effacer lorsque la gloire du Maître est éclipsée.  La croix elle-même est voilée pour rappeler les humiliations de Notre-Seigneur, contraint de se cacher pour ne pas être lapidé par les Juifs.  Le Gloria Patri est supprimé à l’introït et au lavabo en signe de tristesse et l’on ne dit plus le psaume Judica me (Ps 42) aux prières au bas de l’autel.  Dans ce psaume, en effet, on demande : » Pourquoi es-tu triste, mon âme ? Pourquoi me troubles-tu ? » On veut donc par la chasser la tristesse de son coeur, mais aujourd’hui, nous avons toutes les raison d’êtres tristes…


Ces signes extérieurs, qui frappent nos sens, nous manifestent que nous entrons dans une période tout à fait particulière de l’année liturgique.  Ils ont pour but d’orienter notre esprit et notre cœur vers les mystères que nous allons méditer.  Ces signes sont là pour disposer nos âmes à contempler le grand mystère de notre rédemption.

Eglise Saint Louis de Boulogne sur Mer (62)

Si, en effet, durant la première partie du Carême, l’Église nous a invités à expier nos péchés par la pénitence, elle nous demande ensuite de nous unir aux souffrances de Notre-Seigneur pour mieux comprendre la gravité du péché, mais également la profondeur de l’amour de Dieu pour nous.

Il faut que le péché soit quelque chose de grave pour avoir entraîné une telle expiation, mais il faut aussi que le bon Dieu nous aime d’un amour sublime pour avoir accepté de telles souffrances afin de l’expier à notre place !

(Extrait de Le Carême au jour le jour de M. l'abbé Patrick Troadec, FSSPX)

29 Mars : SAINT JONAS et SAINT BARACHISIUS, Martyrs

CARÊME : L’AMOUR JUSQU’AU SACRIFICE
Dimanche de la Passion
DIEU NOUS PARLE : Ce n’est pas par le sang des boucs et des taureaux, mais par son propre sang que le Christ est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, nous ayant acquis une rédemption éternelle.
(Épître – Saint Paul aux Hébreux 9, 12)

L'an 327 de l'ère chrétienne vivaient dans un petit village de la Perse, deux frères chrétiens, nommés Jonas et Barachisius ; ils craignaient DIEU et observaient fidèlement Sa loi.

Ayant appris que le roi Sapor avait lancé un édit contre la religion du CHRIST, et que déjà un grand nombre de chrétiens étaient en prison, ils résolurent d'affronter la persécution et d'aller encourager les martyrs.  A la vue de plusieurs chrétiens dans les tourments : « Ne craignez rien, leur dirent-ils, combattons, mes frères, pour le nom de JÉSUS crucifié, et nous obtiendrons, comme nos devanciers, la glorieuse couronne promise aux vaillants soldats de la foi. »

Soutenues par ces paroles, les victimes consomment sans faiblesse leur sacrifice. Mais il n'en fallait pas davantage pour exciter la colère des ministres du roi.  Jonas et Barachisius sont arrêtés et menacés de mort s'ils n'adorent les dieux de la Perse, le soleil, le feu et l'eau.  Leur refus est suivi de cruelles tortures.

Jonas, attaché à un pieu, est frappé de verges couvertes d'épines jusqu'à ce que ses côtes soient mises à nu; mais il bénit et glorifie le SEIGNEUR.  On le traîne alors, une chaîne aux pieds, sur un étang glacé pour y passer la nuit.

Pendant ce temps, Barachisius  confond à son tour la folie des adorateurs des idoles, et affirme que jamais il n'adorera que Celui qui est le Créateur tout-puissant du soleil, du feu et de l'eau.  On lui verse du plomb fondu sur les yeux, dans la bouche, dans le nez et les oreilles, puis on le suspend par un pied dans sa prison.

Le lendemain, le combat recommence pour les deux frères. Aux questions railleuses de ses bourreaux, Jonas répond : « DIEU ne m'a jamais donné une nuit plus heureuse ni plus tranquille ; » puis il leur parle avec une éloquence et une sagesse qui les ravissent d'étonnement et d'admiration malgré eux, sans toutefois diminuer leur barbarie.

Ils coupent par phalanges les doigts des mains et des pieds du saint martyr, et ensuite le jettent dans une chaudière de poix bouillante, après lui avoir ôté la peau de la tête. La poix bouillante l'ayant épargné, ils le placent sous un pressoir à vis et le broient en faisant tourner sur lui cet horrible instrument ; c'est dans ce supplice que Jonas termina son combat victorieux.

Quant à son frère Barachisius, il ne fut pas moins admirable.  Jeté dans un buisson d'épines aiguës, on ne l'en retira que pour enfoncer dans sa chair des pointes de roseaux et les arracher violemment. Au lieu de se plaindre, la douce victime, à l'exemple du Maître, priait pour ses ennemis.

Son corps fut ensuite broyé sous le même pressoir où son frère avait expiré, et l'âme du nouveau martyr alla rejoindre celle du bienheureux Jonas dans la paix éternelle de JÉSUS-CHRIST.

Pratique. Pensez souvent aux terribles supplices des martyrs, pour soutenir votre courage. 

"Ô Marie conçue sans péché, 
priez pour nous qui avons recours à Vous"

vendredi 27 mars 2020

28 Mars : SAINT JEAN DE CAPISTRAN, Confesseur / SAINT GONTRAN, Roi / LA Bse JEANNE-MARIE DE MAILLÉ

CARÊME : AMOUR ET OBÉISSANCE
Samedi de la quatrième semaine
DIEU NOUS PARLE : Le Seigneur me conduit, rien ne me manquera.
(Communion – Ps 22, 1)

SAINT JEAN de CAPISTRAN 

Franciscain 
(+ 1456) 
Saint Jean de Capistranné l'an 1385, dans le royaume de Naples, était dans sa jeunesse un brillant jurisconsulte, un magistrat renommé pour son intégrité, un gouverneur plein de fermeté et de sagesse.

Dans une guerre contre le roi de Naples, la ville de Pérouse le soupçonna de prendre le parti de ce prince; on le fit arrêter. Malgré son innocence et son éloquence à se défendre, il fut jeté en prison. C'est là que saint François lui apparut et lui ordonna d'entrer dans l'ordre des Frères Mineurs. 

Jean acheta sa liberté, donna le reste de ses biens aux pauvres et s'ensevelit dans un couvent, après avoir donné à la ville de Pérouse, dont il avait été gouverneur, l'exemple d'un parfait mépris du monde, en parcourant les rues de cette ville monté à rebours sur un âne, et la tête coiffée d'un bonnet de carton, où étaient écrits les principaux péchés de sa vie.

On lui donna pour maître un simple frère convers, à la direction duquel Jean se soumit avec la simplicité d'un enfant. Il fut traité par lui avec dureté: "Je rends grâces au SEIGNEUR, disait-il plus tard, de m'avoir donné un tel guide; s'il n'eût usé envers moi de pareilles rigueurs,  jamais je n'aurais pu acquérir l'humilité et la patience." 

Jean fut renvoyé par deux fois du noviciat comme incapable de remplir jamais aucun emploi dans la religion. Il resta jour et nuit à la porte du couvent, souffrant avec joie l'indifférence des religieux, les railleries des passants et les mépris des pauvres qui venaient demander l'aumône.  Une persévérance si héroïque désarma la sévérité des supérieurs et dissipa leurs craintes.  Jean, reçu de nouveau, fut enfin admis à la profession.

Dès lors sa vie fut admirable, il vivait uniquement de JÉSUS sur la Croix. Embrasé d'amour pour DIEU, il faisait de sa vie une oraison continuelle: le Crucifix, le Tabernacle, l'image de Marie, le jetaient dans l'extase: "DIEU, disait-il, m'a donné le nom de Jean, pour me faire le fils de Marie et l'ami de JÉSUS." 

Ordonné prêtre,  Jean fut appliqué au ministère de la parole. Ses paroles produisaient partout des conversions nombreuses. Une secte de prétendus moines, les Fraticelli, dont les erreurs et les mœurs scandalisaient l'Église, fut anéantie par son zèle et sa charité. Le Pape Eugène IV, frappé des prodigieux succès de ses discours, l'envoya comme nonce en Sicile; puis le chargea de travailler, au concile de Florence, à la réunion des Latins et des Grecs. Enfin il le députa vers le roi de France, Charles VII.

Ami de saint Bernardin de Sienne, il le défendit devant la cour de Rome, contre les calomnies que lui attirait son ardeur pour la réforme de son Ordre; il l'aida grandement dans cette entreprise, et il alla lui-même visiter les maisons établies en Orient. 

Nicolas V l'envoya, en qualité de commissaire apostolique, dans la Hongrie, l'Allemagne, la Bohème et la Pologne. Toutes sortes de bénédictions accompagnèrent ses pas. Il ramena au bercail de l'Église un grand nombre de personnes, et convertit une quantité prodigieuse de Juifs et de Musulmans. 

À cette époque, Mahomet II menaçait l'Occident d'une complète invasion, tenait Belgrade assiégée, il se promettait d'arborer le croissant dans l'enceinte même de Rome. Le Pape Calixte III chargea saint Jean de Capistran de prêcher une croisade: à la voix puissante de cet ami de DIEU, une armée de 40,000 hommes se leva; il lui trouva pour chef Huniade, un héros, et il la conduisit à la victoire.

Étant à trois journées de marche des Turcs, tandis qu'il célébrait la Messe en plein air dans les grandes plaines du Danube, les témoins ont rapporté qu'une flèche partie d'en haut vint, pendant le Saint Sacrifice, se placer sur le corporal. Après la Messe, le Saint lut ces mots écrits en lettres d'or sur le bois de la flèche: 

"Par le secours de JÉSUS, Jean de Capistran remportera la victoire." Au fort de la mêlée, il tenait en main l'étendard de la Croix et criait: "Victoire, JÉSUS, victoire!" Belgrade fut sauvée. C'était en l'an 1456.

Trois mois après, saint Jean de Capistran, ayant prononcé ces paroles du Nunc dimittis: "C'est maintenant, SEIGNEUR, que Vous laisserez mourir en paix Votre serviteur," expira en disant une dernière fois: JÉSUS. Il avait soixante-et-onze ans.

Pratique. Défiez-vous de l'orgueil, combattez-le jusque dans ses dernières racines.

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SAINT GONTRAN

Roi

SAINT GONTRAN, petit-fils de Clovis et de Sainte Clotilde et roi de France, après des guerres continuelles avec ses frères répara ses torts par la pénitence et par la pratique des bonnes œuvres.

Il puisait dans la religion les vrais principes d'un gouvernement juste, pacifique et bienfaisant. Son règne fut accompagné d'une prospérité constante dans la paix et dans la guerre. 

Il honorait les évêques comme ses pères, fondait des églises et des monastères, montrait une charité immense pour les pauvres, et, dans un temps de famine, il joignit à ses aumônes des prières et des jeûnes pour fléchir la colère de DIEU. 

Il mourut en 593, avec la réputation d'un bon prince. 


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La Bienheureuse 

Jeanne-Marie de Maillé



La Bienheureuse Jeanne-Marie de Maillé naquit le 14 avril 1332, en Touraine, de très haute famille.  Dès l'âge de six ans, elle se faisait remarquer par sa piété, surtout envers Marie ; à onze ans, elle fut pour la première fois ravie en extase, le jour de Noël, et Marie lui apparut tenant dans ses bras le Divin Enfant. 

Une maladie, en la conduisant jusqu'aux portes du tombeau, servit à la détacher de plus en plus de la terre et à la rapprocher de DIEU.  Mariée, malgré sa répugnance et malgré son vœu de chasteté, à un jeune et vertueux seigneur, elle obtint de lui de vivre dans une parfaite continence. 

Leur château était le rendez-vous d'une multitude de pauvres, et les nobles châtelains étaient regardés comme la Providence de tous.  Oh ! le beau rôle à remplir, et qu'il est peu compris de nos jours ! Devenue veuve après seize ans de mariage, Marie eut à subir de dures épreuves qui la relevèrent rapidement à une plus haute sainteté ; elle fut chassée du château par la famille de son mari et se trouva pauvre et n'ayant pas même une pierre pour reposer sa tête. 

Reçue au château paternel, elle y continua plus que jamais sa vie de charité et de prières. Quand elle allait à l'église ou en revenait dans les ténèbres, on la voyait souvent précédée d'une lumière céleste qui lui traçait la route. D'après l'ordre de la Sainte Vierge, elle entra dans le Tiers Ordre-de Saint-François et se retira dans une chétive demeure, près du couvent des Cordeliers, à Tours. 

On ne sait qu'admirer le plus dans cette nouvelle vie, qui devait être pour elle définitive, — ou les effrayants excès de ses mortifications, — ou les trésors de cette charité sans bornes qui faisait d'elle la sœur, l'amie, la servante, l'esclave des pauvres, des malades et de tous les malheureux, — ou sa piété angélique, signalée par tant de miracles, — ou les faveurs sans nombre qu'elle reçut du Ciel à l'égal des plus grandes saintes, — ou les éclatantes conversions dues au zèle brûlant de son cœur d'apôtre. 

Elle mourut en 1414. 

Pratique : Acceptez avec résignation les épreuves qui viennent du prochain.

"Ô Marie conçue sans péché, 
priez pour nous qui avons recours à Vous"