"Il n’y a pas d’autre différence entre l’Évangile et la vie des Saints
qu’entre une musique notée et une musique chantée.”
(Saint François de Sales.)
Saint Cyprien né
à Carthage, dans le paganisme, était fils d'un sénateur. Son éducation,
digne de son rang, fit briller l'heureux génie dont il était doué. Il
était tout entier aux idées de gloire et de plaisir, quand un prêtre
chrétien, homme d'une haute distinction, nommé Cécilius, rechercha sa
compagnie, dans le but d'attacher à la foi chrétienne un jeune homme de
si grand mérite.
Cyprien eut
vite l'esprit convaincu par les sages raisonnements de Cécilius ; mais
son cœur frémissait à la pensée du détachement et de l'abnégation exigés
par l'Évangile. Comment lui, Cyprien,
élevé dans les honneurs, objet de l'admiration universelle ; lui qui
pouvait aspirer à toutes les jouissances et à tous les triomphes,
pourrait-il rompre ses chaînes et subjuguer ses passions?... Le combat
était rude en son âme ; sa conscience, au milieu des flots tumultueux
qui l'agitaient, lui criait sans cesse : « Courage, Cyprien ! Quoi qu'il
en coûte, allons à DIEU. »
Il obéit enfin à cette voix, et, foulant aux pieds toute considération personnelle, il demanda et reçut le baptême. Dès lors Cyprien devint
un autre homme ; la grâce lui rendit tout facile, et l'accomplissement
parfait de l'Évangile lui parut clairement être la vraie sagesse.
Il
vendit ses vastes et belles propriétés et en donna le prix aux pauvres ;
son mérite l'éleva en peu de temps au sacerdoce et à l'épiscopat. La
population chrétienne de Carthage tressaillit de joie en apprenant
l'élévation de Cyprien au siège
épiscopal de cette ville ; elle comprit qu'au moment où la persécution
allait s'élever, menaçante et terrible, le nouvel évêque serait un
modèle et un guide ; aussi la foi se réveilla-t-elle, vive et généreuse,
au cœur des disciples de JÉSUS-CHRIST.
Le
saint pontife employa tout son zèle à fortifier son troupeau pour les
saints combats, il glorifia les martyrs et montra une juste sévérité
vis-à-vis des apostats. Les païens, voyant de quelle importance serait
pour eux la prise de celui qui était l'âme de la résistance chrétienne,
recherchèrent le pasteur pour désorganiser plus facilement le troupeau ;
mais Cyprien, voyant combien sa vie
était utile aux âmes confiées à ses soins, trouva une retraite sûre,
d'où il remplit admirablement son devoir apostolique par ses lettres,
ses exhortations, l'administration des sacrements.
Enfin,
après plusieurs années, il eut révélation de son prochain martyre et
s'y prépara par un redoublement de zèle et de charité. Cyprien fut
pris l'an 258, et condamné à avoir la tête tranchée : « Je vous rends
grâces, SEIGNEUR, s'écria-t-il, de ce que vous daignez retirer mon âme
de la prison de ce corps mortel ! » Comme le bourreau tremblait, le
martyr l'encouragea avec bonté et lui fit remettre vingt-cinq pièces
d'or; puis il se banda lui-même les yeux et présenta sa tête, qui roula
bientôt sur le sol baigné de sang. Ses écrits l'égalent aux Pères et
aux Docteurs de l'Église.
Pratique : Ne vous laissez pas aller aux inclinations de la nature ; suivez la voix de la grâce.
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SAINT CORNEILLE
21ème pape, martyr (+253)
Pape
de 251 à 253, il eut à combattre un antipape. De par les lettres qu'il
adressa à son ami Cyprien, nous savons qu'il fut généreux et bon. Il
mourut en exil, martyr de sa foi, à Civitavecchia.
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SAINTE ÉDITH
Vierge, Princesse d´Angleterre
(†107)
Edith vint
au monde en 961. Elle était fille naturelle du roi Edgar. Ce prince
l´avait eue d'une dame illustre par sa naissance, qu'il avait enlevée,
et qui se nommait Wulfride ou Wilfrith. Sa femme étant morte, il voulut
épouser celle qu´il avait déshonorée; mais Wulfride ne voulut point y
consentir, et alla même prendre le voile dans le monastère de Wilton,
dont elle devint abbesse peu de temps après. Elle voulut se charger
elle-même du soin d'élever Édith, sa fille, qui par là fut arrachée à la corruption du monde, avant d'en avoir ressenti les effets.
C'est ce
qui a fait dire au rédacteur du martyrologe romain, en parlant de notre
Sainte, que, «s'étant consacrée à DIEU dès son enfance, elle avait moins
quitté le monde qu'elle ne l'avait ignoré»: ignorance infiniment
précieuse, et qui est le plus sûr moyen de vivre dans une parfaite
innocence.
La
jeune princesse profita si bien des exemples et des instructions de sa
mère, qu'elle se fit religieuse dans le même monastère. Elle faisait
l´office de Marthe à l'égard de toutes les religieuses et des externes,
et les fonctions de Marie à l'égard de NOTRE-SEIGNEUR; car, sans
considérer sa naissance, elle s'appliquait aux plus vils ministères de
la maison, assistait les malades, et se faisait la servante des
étrangers et des pauvres.
Elle
fonda pour eux, près de son monastère un hôpital pour en entretenir
toujours treize. Secourant de ses aumônes et de ses soins ceux qu'elle
savait être dans l´indigence, elle cherchait les affligés pour leur
donner de la consolation, et aimait mieux converser avec les lépreux,
qui sont abandonnés de tout le monde, qu'avec les premiers princes du
royaume. Plus les personnes étaient rebutées des autres à cause de leurs
infirmités, plus elles étaient bienvenues auprès d'elle; en un mot, Édith était incomparable dans son zèle à rendre service à son prochain.
L'abstinence
faisait ses plus grandes délices, et elle fuyait autant les viandes
délicates que les autres les recherchent avec empressement, joignant à
cette mortification celle d´un rude cilice qu'elle portait sur sa chair
nue, afin de réprimer de bonne heure les mouvements de la nature. Telle
fut la vie de cette jeune princesse jusqu´à l´âge de quinze ans.
Le
roi informé de tant de belles qualités de sa fille, voulut la faire
abbesse de trois monastères; mais elle le remercia, et se contenta de
lui proposer pour cela des religieuses que son humilité lui faisait
juger beaucoup plus capables qu'elle d´occuper ces places. Elle ne put
se résoudre à quitter une maison où elle avait déjà reçu tant de grâces;
elle aima mieux obéir que commander, et demeurer sous la conduite de sa
mère, que d'être chargée de la conduite des autres.
Mais
son humilité parut bien davantage lorsqu'elle refusa la couronne
d´Angleterre; car après la mort de saint Édouard II que l'Église honore
comme un martyr, les seigneurs vinrent la trouver pour lui présenter le
sceptre, et employèrent toutes les raisons possibles, et même tentèrent
les voies de la violence pour l'obliger de l´accepter. Elle leur résista
toujours généreusement, et l'on aurait plutôt transmué les métaux, dit
son historien, que de la retirer de son cloître, et de lui faire quitter
la résolution qu'elle avait prise d'être toute sa vie dévouée au
service de DIEU.
Elle
avait fait bâtir une église en l'honneur de saint Denis; elle pria
saint Dunstan d'en faire la dédicace. Pendant la solennité de la messe,
ce saint prélat eut la révélation que la mort de la jeune princesse, qui
n'avait encore que vingt-trois ans, arriverait au bout de quarante
jours. Cette nouvelle attendrit son cœur et tira de ses yeux des
torrents de larmes: «Hélas!» dit-il à son diacre qui lui demanda le
sujet de sa tristesse, «nous perdrons bientôt notre bien-aimée Édith;
le monde n'est plus digne de la posséder. Elle a, en peu d'années,
acheté la couronne qui lui est préparée dans les cieux. Sa ferveur
condamne notre lâcheté; notre vieillesse n'a pu encore mériter cette
grâce; elle va jouir des clartés éternelles, et nous demeurons toujours
sur la terre dans les ténèbres et les ombres de la mort».
S'étant
aperçu, durant la cérémonie, que la Sainte faisait souvent le signe de
la croix sur le front, il dit aussi par un esprit de prophétie: «DIEU ne
permettra pas que ce pouce périsse jamais».
L'événement
vérifia l´une et l´autre de ces deux prédictions; car, au bout de
quarante jours, le 16 septembre 984, elle rendit son âme dans la même
église, entre les mains des anges, qui honorèrent son décès de leur
présence et d'une mélodie céleste; et ce même pouce, dont elle s'était
tant de fois servie pour former sur elle le signe de la croix, fut
trouvé treize ans après sa mort sans aucune marque de corruption,
quoique tout le reste de son corps fût presque entièrement réduit en
cendres.
Cette
église de Saint-Denis, qu'elle avait souvent visitée et arrosée de ses
larmes pendant sa vie, lui servit de sépulture. Trente jours après son
décès, elle apparut à sa mère avec un visage serein et tout lumineux,
lui disant que le Roi des anges, son cher Époux, l'avait mise dans Sa
gloire; que Satan avait fait tout ce qu'il avait pu pour l'empêcher d´y
entrer, en l'accusant devant DIEU de plusieurs fautes; mais que, par le
secours des saints Apôtres, et par la vertu de la Croix de son SAUVEUR
JÉSUS, elle lui avait écrasé la tête, et, en triomphant de sa malice,
l'avait envoyé dans les enfers.
Plusieurs
miracles ont été opérés par ses mérites. Nous rapporterons seulement
l'exemple suivant, qui montre combien pèchent ceux qui usurpent les
biens de l´Église. Un homme s'étant approprié une terre de sainte Édith, tomba tout à coup malade, qu'on le crut mort sans avoir eu le temps de faire pénitence.
Mais
un peu après, étant revenu à lui, il dit aux assistants: «Ah! Mes amis,
ayez pitié de moi et secourez-moi par la ferveur de vos prières;
l'indignation de sainte Édith contre moi est si grande que, pour me
punir de l'usurpation que j'ai faite d'une terre qui lui appartenait,
elle chasse mon âme malheureuse du ciel et de la terre. Il faut que je
meure, et cependant je ne puis mourir. Je veux réparer mon injustice, et
restituer à l'Église le bien que je lui ai ravi».
Il
n'eut pas plus tôt témoigné cette bonne volonté, qu'il expira
paisiblement. On la représente tenant d'une main une bourse, et de
l'autre une pièce de monnaie, pour marquer son grand amour pour les
pauvres.
priez pour nous qui avons recours à Vous"
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