"Il n’y a pas d’autre différence entre l’Évangile et la vie des Saints
qu’entre une musique notée et une musique chantée.”
(Saint François de Sales.)
SAINT ANTONIN naquit
à Florence en 1389. C'est à la protection de la Très Sainte Vierge
qu'il dut de conserver intacte, au milieu de la corruption du monde,
l'innocence de son baptême.
A quinze
ans, il alla s'offrir aux Dominicains de Fiesole. Le supérieur, voyant
cet enfant si délicat, craignit qu'il ne pût s'astreindre aux
austérités de la règle : « Qu'étudiez-vous"? dit-il à Antonin. —
Le droit canonique. — Eh bien! ajouta le religieux pour le décourager,
quand vous saurez le droit par cœur, nous vous recevrons. »
Un an après, Antonin revenait,
possédant toute la science demandée. C'était un signe clair de l'appel
divin, et les religieux n'eurent pas à se repentir de l'avoir admis,
car il devint bientôt de tous le plus humble, le plus obéissant, le plus
mortifié, le plus régulier.
L'onction sacerdotale l'éleva plus haut encore, et toutes les fois
qu'il offrait le saint Sacrifice, on le voyait baigné des larmes de
l'amour divin. Tour à tour prieur en huit couvents, il en renouvela la
ferveur et la discipline. Quel coup pour lui, quand il apprit, au retour
de la visite d'un de ses monastères, sa nomination à l'archevêché de
Florence !
Fuir et s'ensevelir dans la solitude fut sa première pensée ; mais
on le mit dans l'impossibilité de réaliser son projet. Il entra dans
sa cathédrale pieds nus; sa tristesse faisait contraste avec la joie de
son peuple. Saint Antonin sut
concilier les obligations de l'épiscopat avec l'austérité monastique.
Sa maison ressemblait plus à un couvent qu'à un palais, et dame Pauvreté
y tenait seule lieu de train et d'équipage.
Il n'avait point de buffets ni de tapis, ni de vaisselle d'argent,
ni de chevaux, ni de carrosses; il accepta dans sa vieillesse un mulet,
dont il ne se servait que par besoin. Jamais il ne refusait à un pauvre
qui lui tendait la main; s'il se trouvait sans argent, il vendait ses
pauvres meubles pour subvenir à leurs besoins ; il alla même jusqu'à se
dépouiller pour couvrir des misérables.
On ne connaîtrait qu'un seul côté de sa vie, si on ne voyait en
lui que l'homme d'oraison. Homme de prière, il le fut en effet, au point
qu'on eût dit qu'il était toujours en retraite ; mais il était aussi
homme des saintes études, et son nom reste dans l'Église comme le nom de
l'un des plus savants canonistes qui l'aient illustrée ; il passait les
nuits au travail, et c'est à cette privation de sommeil que nous devons
ses précieux ouvrages.
Aussi Antonin était-il le conseiller des papes, au point qu'on l'avait surnommé Antonin-des-conseils. Sa grande fermeté, jointe à son immense charité, opéra à Florence un bien incalculable.
Un jour que l'autorité civile menaçait de le chasser de la ville, à
cause d'une mesure pleine de vigueur qu'il avait prise, il dit :
"Chassez-moi, je trouverai toujours un asile!".
Et il montrait une clef de couvent pendante à sa ceinture. Son
nom reste dans l'Église comme le nom d'un des plus savants canonistes
qui l'aient illustrée.
Il mourut le 2 mai 1459, à l'âge de soixante-dix ans.
Pratique. Ne vous attachez point aux biens de ce monde ; pratiquez l'esprit de pauvreté.
=======================
SAINT ISIDORE
Laboureur
Saint Isidore naquit
à Madrid, en Espagne, de parents très pauvres qui ne purent le faire
étudier, mais lui apprirent à aimer Dieu et à détester le péché.
L'enfant devint bientôt très habile dans cette science, la meilleure de
toutes. Quand il fut en âge de travailler, il se plaça comme laboureur
chez un riche habitant de la ville, nommé Jean de Vargas.
Plus
tard, il épousa une femme aussi pauvre et aussi vertueuse que lui, et
il eut un enfant auquel il enseigna le service de Dieu. Un jour, cet
enfant tomba dans un puits; ses parents, désolés, adressèrent au Ciel de
si ferventes prières, que l'eau du puits s'élevant jusqu'en haut, y
apporta cet enfant plein de vie et de santé. En reconnaissance, les
deux époux se séparèrent et vouèrent à Dieu une continence perpétuelle.
Quoique occupé du grossier travail de mener la charrue, saint Isidore n'en
avait pas moins des heures fixes et réglées pour ses exercices de
piété. Les jours ordinaires, après avoir passé une partie de la nuit en
oraison, il se levait de grand matin et s'en allait visiter les
principales églises de Madrid; les jours de fête étaient entièrement
consacrés à suivre les offices et à prier.
Jamais
il ne négligeait en rien son travail; malgré cela, ses compagnons
l'accusèrent auprès du maître, qui voulut s'assurer par lui-même de la
vérité; il regarda Isidore
travailler, et vit deux Anges aider le Saint. Dès lors, Jean de Vargas
conçut la plus grande estime pour son serviteur, et les bénédictions du
Ciel se répandirent sur sa maison. Saint Isidore opéra
des miracles en sa faveur; il rendit la vie à un cheval dont on avait
grand besoin; la fille de Jean de Vargas étant morte à la suite d'une
maladie douloureuse, il la ressuscita. Un jour, en frappant du pied la
terre, il fit jaillir, afin d'étancher la soif de son maître, une
fontaine qui coule encore. À la suite de ces miracles, Jean de Vargas se
déchargea sur saint Isidore du soin de sa maison.
Saint Isidore
était pauvre, et cependant il trouvait le moyen de se montrer libéral
envers les indigents; il partageait avec eux son dîner, et un jour qu'il
avait tout donné, il pria sa femme d'aller voir s'il ne restait pas
quelque chose: celle-ci trouva le plat qui venait d'être vidé, aussi
plein que si personne n'y eût touché. Une autre fois, il avait été
invité à un dîner de confrérie, et ses dévotions le retinrent si
longtemps, qu'il arriva quand tout était fini.
Une
multitude de pauvres le suivaient comptant sur ses restes. Les
confrères lui dirent, d'assez mauvaise humeur, qu'on lui avait gardé sa
part, mais qu'il n'y avait rien pour les mendiants. "C'est assez,
répondit-il, cela suffira pour moi et pour les pauvres de Jésus-Christ."
En effet, on trouva un repas entier là où on n'avait mis de côté que
quelques morceaux.
La femme de saint Isidore,
de son côté, donnait des marques d'une sainteté aussi grande que celle
de son mari. Elle aussi faisait des miracles. Retirée dans un petit
héritage, près de l'ermitage de Caraquiz, elle avait à traverser une
rivière pour se rendre à une église de la Sainte Vierge qu'elle
fréquentait assidûment. Un jour, elle trouva cette rivière débordée, et,
avec une entière confiance dans la puissance de Dieu, elle détacha son
tablier, l'étendit sur les eaux, et à l'aide de cette barque d'un
nouveau genre, passa tranquillement à l'autre bord.
Saint Isidore mourut
avant sa femme, en 1170, et on l'enterra sous une gouttière, dans le
cimetière de Saint-André, où il fut oublié quarante ans. Alors le Saint
apparut à une dame vertueuse pour la presser de procurer l'élévation et
la translation de son corps. Quand on l'eut retiré de terre, il fut
trouvé aussi frais et aussi sain que s'il venait de mourir; un parfum de
délicieuse odeur embauma les airs, et toutes les cloches sonnèrent
d'elles-mêmes. L'église de Saint-André fut choisie pour recevoir ses
saintes reliques; on y vit un grand concours de peuple; de nombreux
miracles s'opérèrent et firent croître et grandir la dévotion à saint Isidore.
L'histoire
de l'Église et la vie des Saints démontrent que la sainteté a fleuri,
au cours des siècles, dans toutes les classes de la société et dans les
milieux les plus divers, chez de tout jeunes enfants comme chez des
adultes ou des vieillards. La sainteté est une carrière ouverte à tous,
selon la parole de Jésus Lui-même: Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Mt. 5, 48) Avec la grâce de Dieu, tout chrétien est donc destiné à la sainteté, car la volonté de Dieu est que vous soyez saints, (I Thess. 4, 3) enseigne saint Paul. Toutefois, il est bien évident que personne ne peut devenir saint malgré lui! "
Un saint, a écrit saint Thomas d'Aquin, est une âme dans laquelle le Saint-Esprit a carte blanche,"
c'est-à-dire pleine liberté d'action. C'est une âme fidèle aux
inspirations de la grâce, attentive à réaliser le bon plaisir de Dieu, à
bien porter la croix à la suite du divin Maître. Tel a été saint Isidore,
à la suite de bien d'autres Saints, nos modèles. Patron des Laboureurs
et patron de la ville de Madrid, en Espagne, il mena une vie toute
simple et tout extraordinaire à la fois. Simple extérieurement, parce
que semblable à la vie de tant d'ouvriers et de travailleurs des champs;
extraordinaire, parce que vivifiée par un intense esprit de prière, de
renoncement évangélique, et d'amour pour Dieu et le prochain.
"Ô Marie conçue sans péché,
priez pour nous qui avons recours à Vous"
qu’entre une musique notée et une musique chantée.”
(Saint François de Sales.)
SAINT ANTONIN naquit
à Florence en 1389. C'est à la protection de la Très Sainte Vierge
qu'il dut de conserver intacte, au milieu de la corruption du monde,
l'innocence de son baptême.
A quinze
ans, il alla s'offrir aux Dominicains de Fiesole. Le supérieur, voyant
cet enfant si délicat, craignit qu'il ne pût s'astreindre aux
austérités de la règle : « Qu'étudiez-vous"? dit-il à Antonin. —
Le droit canonique. — Eh bien! ajouta le religieux pour le décourager,
quand vous saurez le droit par cœur, nous vous recevrons. »
Un an après, Antonin revenait,
possédant toute la science demandée. C'était un signe clair de l'appel
divin, et les religieux n'eurent pas à se repentir de l'avoir admis,
car il devint bientôt de tous le plus humble, le plus obéissant, le plus
mortifié, le plus régulier.
L'onction sacerdotale l'éleva plus haut encore, et toutes les fois
qu'il offrait le saint Sacrifice, on le voyait baigné des larmes de
l'amour divin. Tour à tour prieur en huit couvents, il en renouvela la
ferveur et la discipline. Quel coup pour lui, quand il apprit, au retour
de la visite d'un de ses monastères, sa nomination à l'archevêché de
Florence !
Fuir et s'ensevelir dans la solitude fut sa première pensée ; mais
on le mit dans l'impossibilité de réaliser son projet. Il entra dans
sa cathédrale pieds nus; sa tristesse faisait contraste avec la joie de
son peuple. Saint Antonin sut
concilier les obligations de l'épiscopat avec l'austérité monastique.
Sa maison ressemblait plus à un couvent qu'à un palais, et dame Pauvreté
y tenait seule lieu de train et d'équipage.
Il n'avait point de buffets ni de tapis, ni de vaisselle d'argent,
ni de chevaux, ni de carrosses; il accepta dans sa vieillesse un mulet,
dont il ne se servait que par besoin. Jamais il ne refusait à un pauvre
qui lui tendait la main; s'il se trouvait sans argent, il vendait ses
pauvres meubles pour subvenir à leurs besoins ; il alla même jusqu'à se
dépouiller pour couvrir des misérables.
On ne connaîtrait qu'un seul côté de sa vie, si on ne voyait en
lui que l'homme d'oraison. Homme de prière, il le fut en effet, au point
qu'on eût dit qu'il était toujours en retraite ; mais il était aussi
homme des saintes études, et son nom reste dans l'Église comme le nom de
l'un des plus savants canonistes qui l'aient illustrée ; il passait les
nuits au travail, et c'est à cette privation de sommeil que nous devons
ses précieux ouvrages.
Aussi Antonin était-il le conseiller des papes, au point qu'on l'avait surnommé Antonin-des-conseils. Sa grande fermeté, jointe à son immense charité, opéra à Florence un bien incalculable.
Un jour que l'autorité civile menaçait de le chasser de la ville, à
cause d'une mesure pleine de vigueur qu'il avait prise, il dit :
"Chassez-moi, je trouverai toujours un asile!".
Et il montrait une clef de couvent pendante à sa ceinture. Son
nom reste dans l'Église comme le nom d'un des plus savants canonistes
qui l'aient illustrée.
Il mourut le 2 mai 1459, à l'âge de soixante-dix ans.
Pratique. Ne vous attachez point aux biens de ce monde ; pratiquez l'esprit de pauvreté.
=======================
SAINT ISIDORE
Laboureur
Saint Isidore naquit
à Madrid, en Espagne, de parents très pauvres qui ne purent le faire
étudier, mais lui apprirent à aimer Dieu et à détester le péché.
L'enfant devint bientôt très habile dans cette science, la meilleure de
toutes. Quand il fut en âge de travailler, il se plaça comme laboureur
chez un riche habitant de la ville, nommé Jean de Vargas.
Plus
tard, il épousa une femme aussi pauvre et aussi vertueuse que lui, et
il eut un enfant auquel il enseigna le service de Dieu. Un jour, cet
enfant tomba dans un puits; ses parents, désolés, adressèrent au Ciel de
si ferventes prières, que l'eau du puits s'élevant jusqu'en haut, y
apporta cet enfant plein de vie et de santé. En reconnaissance, les
deux époux se séparèrent et vouèrent à Dieu une continence perpétuelle.
Quoique occupé du grossier travail de mener la charrue, saint Isidore n'en
avait pas moins des heures fixes et réglées pour ses exercices de
piété. Les jours ordinaires, après avoir passé une partie de la nuit en
oraison, il se levait de grand matin et s'en allait visiter les
principales églises de Madrid; les jours de fête étaient entièrement
consacrés à suivre les offices et à prier.
Jamais
il ne négligeait en rien son travail; malgré cela, ses compagnons
l'accusèrent auprès du maître, qui voulut s'assurer par lui-même de la
vérité; il regarda Isidore
travailler, et vit deux Anges aider le Saint. Dès lors, Jean de Vargas
conçut la plus grande estime pour son serviteur, et les bénédictions du
Ciel se répandirent sur sa maison. Saint Isidore opéra
des miracles en sa faveur; il rendit la vie à un cheval dont on avait
grand besoin; la fille de Jean de Vargas étant morte à la suite d'une
maladie douloureuse, il la ressuscita. Un jour, en frappant du pied la
terre, il fit jaillir, afin d'étancher la soif de son maître, une
fontaine qui coule encore. À la suite de ces miracles, Jean de Vargas se
déchargea sur saint Isidore du soin de sa maison.
Saint Isidore
était pauvre, et cependant il trouvait le moyen de se montrer libéral
envers les indigents; il partageait avec eux son dîner, et un jour qu'il
avait tout donné, il pria sa femme d'aller voir s'il ne restait pas
quelque chose: celle-ci trouva le plat qui venait d'être vidé, aussi
plein que si personne n'y eût touché. Une autre fois, il avait été
invité à un dîner de confrérie, et ses dévotions le retinrent si
longtemps, qu'il arriva quand tout était fini.
Une
multitude de pauvres le suivaient comptant sur ses restes. Les
confrères lui dirent, d'assez mauvaise humeur, qu'on lui avait gardé sa
part, mais qu'il n'y avait rien pour les mendiants. "C'est assez,
répondit-il, cela suffira pour moi et pour les pauvres de Jésus-Christ."
En effet, on trouva un repas entier là où on n'avait mis de côté que
quelques morceaux.
La femme de saint Isidore,
de son côté, donnait des marques d'une sainteté aussi grande que celle
de son mari. Elle aussi faisait des miracles. Retirée dans un petit
héritage, près de l'ermitage de Caraquiz, elle avait à traverser une
rivière pour se rendre à une église de la Sainte Vierge qu'elle
fréquentait assidûment. Un jour, elle trouva cette rivière débordée, et,
avec une entière confiance dans la puissance de Dieu, elle détacha son
tablier, l'étendit sur les eaux, et à l'aide de cette barque d'un
nouveau genre, passa tranquillement à l'autre bord.
Saint Isidore mourut
avant sa femme, en 1170, et on l'enterra sous une gouttière, dans le
cimetière de Saint-André, où il fut oublié quarante ans. Alors le Saint
apparut à une dame vertueuse pour la presser de procurer l'élévation et
la translation de son corps. Quand on l'eut retiré de terre, il fut
trouvé aussi frais et aussi sain que s'il venait de mourir; un parfum de
délicieuse odeur embauma les airs, et toutes les cloches sonnèrent
d'elles-mêmes. L'église de Saint-André fut choisie pour recevoir ses
saintes reliques; on y vit un grand concours de peuple; de nombreux
miracles s'opérèrent et firent croître et grandir la dévotion à saint Isidore.
L'histoire
de l'Église et la vie des Saints démontrent que la sainteté a fleuri,
au cours des siècles, dans toutes les classes de la société et dans les
milieux les plus divers, chez de tout jeunes enfants comme chez des
adultes ou des vieillards. La sainteté est une carrière ouverte à tous,
selon la parole de Jésus Lui-même: Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Mt. 5, 48) Avec la grâce de Dieu, tout chrétien est donc destiné à la sainteté, car la volonté de Dieu est que vous soyez saints, (I Thess. 4, 3) enseigne saint Paul. Toutefois, il est bien évident que personne ne peut devenir saint malgré lui! "
Un saint, a écrit saint Thomas d'Aquin, est une âme dans laquelle le Saint-Esprit a carte blanche,"
c'est-à-dire pleine liberté d'action. C'est une âme fidèle aux
inspirations de la grâce, attentive à réaliser le bon plaisir de Dieu, à
bien porter la croix à la suite du divin Maître. Tel a été saint Isidore,
à la suite de bien d'autres Saints, nos modèles. Patron des Laboureurs
et patron de la ville de Madrid, en Espagne, il mena une vie toute
simple et tout extraordinaire à la fois. Simple extérieurement, parce
que semblable à la vie de tant d'ouvriers et de travailleurs des champs;
extraordinaire, parce que vivifiée par un intense esprit de prière, de
renoncement évangélique, et d'amour pour Dieu et le prochain.
"Ô Marie conçue sans péché,
priez pour nous qui avons recours à Vous"
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