"Il n’y a pas d’autre différence entre l’Évangile et la vie des Saints
qu’entre une musique notée et une musique chantée.”
(Saint François de Sales)
Les dix-neuf Martyrs de Gorcum
(† 1572)
Lors de la
révolte des Protestants des Pays-Bas contre le gouvernement de la
catholique Espagne, un certain nombre de révoltés, appelés «Gueux de
mer», habitaient sur des vaisseaux aux bouches de l'Escaut. C'étaient
en général des gens de sac et de corde, qui, sous prétexte de religion,
exerçaient sur mer la piraterie, et sur terre les pires violences contre
les prêtres et les religieux.
En avril
1572, les Gueux se présentèrent à l'improviste devant la ville de Gorcum
et promirent aux habitants de respecter la liberté religieuse de tous,
prêtres et laïques; se fiant à cette promesse, les citoyens leur
ouvrirent les portes de la ville. Moins confiant, le Gouverneur se
retira dans le château avec tous ceux qui n'avaient pas confiance en la
parole de ces écumeurs de mer. Malgré la bravoure du Gouverneur, le
château, dépourvu de troupes et de munitions, ne pouvait tenir
longtemps. De leur côté les Gueux, redoutant l'arrivée de secours,
réitèrent les promesses d'amnistie pleine et entière. Alors les
assiégés se confessent mutuellement, reçoivent le saint Viatique, et on
laisse entrer les Gueux.
A peine la
bande de huguenots est-elle dans la place qu'elle se jette sur les
assiégés pour les fouiller et les dépouiller. Ils les font ensuite
comparaître pour leur arracher l'aveu de l'endroit où ils ont caché
leurs trésors. S'attaquant d'abord à Nicolas Janssen, curé de Gorcum,
ils lui enroulent autour du cou la corde d'un franciscain, la font
passer sur la porte de la prison, et la tirant, soulèvent et lâchent
tour à tour le malheureux prêtre, jusqu'à ce qu'ils le voient près
d'expirer. C'est alors le tour du Père Gardien, Nicolas Pieck. Après
plusieurs secousses effroyables, la corde casse, le patient tombe
inanimé. Est-il mort ? Pour s'en assurer, un bourreau promène sur son
visage la flamme d'un cierge; il la fait entrer dans les narines, dans
la bouche, lui brûle la langue et le palais. Dans la prison du château,
des scènes de ce genre se renouvellent huit jours durant.
Le samedi 5
juillet, la phalange des confesseurs fut dirigée sur Brielle, où elle
devait trouver son Calvaire. Là, dans une grotesque procession, on les
obligea à faire le tour de la potence, puis de recommencer à reculons,
en chantant le « Salve Regina.» Cependant, sur leur passage, des femmes
trempent leur balai dans l'eau sale et les aspergent en parodiant «
l'Asperges me.» Un des confesseurs de la foi, ancien pèlerin de Terre
Sainte, ne peut s'empêcher de dire : « J'ai vécu chez les Turcs et les
Maures ; jamais je n'ai rien vu de pareil.» Détail touchant, le peuple
réclama ensuite l' « Oremus.» Un saint vieillard s'exécuta en y
substituant l'oraison de la fête de Notre-dame des Sept-Douleurs, que
tous le monde écouta en silence : « Seigneur Jésus-Christ, que la
Bienheureuse Vierge Marie, votre Mère, dont la très sainte âme fut
percée d'un glaive de douleur au moment de votre Passion, daigne bien
intercéder pour nous, maintenant et à l'heure de notre mort.»
Ramenés en
prison, ils sont pressés d'apostasier, mais la plupart demeurent
inébranlables dans leur croyance. Furieux de leur échec, et désireux
d'en finir avec leurs prisonniers, les Gueux les conduisent la nuit même
dans un ancien monastère abandonné; il jettent des cordes sur deux
poutres, et dressent une échelle. Bientôt dix-neuf corps se balancent
dans le vide. Le lendemain matin, 9 juillet, la populace était admise à
insulter les corps de ces martyrs ; elle le fit aussi copieusement que
lâchement.
Au nombre
des victimes de cette hécatombe, on comptait : onze Frères Mineurs de
l'Observance ; un Dominicain ; deux Prémontrés ; un chanoine régulier de
Saint-Augustin, et quatre prêtres du clergé séculier.
Pie IX a inscrit ces dix-neuf confesseurs de la foi au nombre des martyrs, le 29 juin 1866.
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SAINTE VÉRONIQUE GIULIANI
SAINTE VÉRONIQUE GIULIANI
Vierge, Clarisse
(1660-1727)
Sainte Véronique Giuliani eut
une enfance tout extraordinaire: le mercredi, le vendredi et le samedi,
jours consacrés à honorer la Passion de JÉSUS-CHRIST et la Sainte
Vierge, elle n'acceptait le lait de sa mère ou toute autre nourriture
que deux fois et en petite quantité, prélude des grands jeûnes de sa
vie. Six mois après sa naissance, elle s'échappa des bras de sa mère et
alla d'un pas ferme, toute seule, vénérer un tableau attaché à la
muraille et représentant le mystère du jour. À partir de ce moment, elle
marcha sans le secours de personne. Un an après, accompagnant sa mère
dans un magasin, elle dit d'une voix claire au marchand, qui trompait
sur le poids: "Soyez juste, car DIEU vous voit."
À
trois ans, elle avait des communications familières avec JÉSUS et
Marie. Quelques fois l'image de Marie portant JÉSUS devenait vivante,
et, se détachant du cadre, descendait dans ses bras. Un matin qu'elle
cueillait des fleurs pour orner l'image de JÉSUS et de Marie, Jésus lui
dit: "Je suis la Fleur des champs." Charitable pour les indigents dès
son bas âge, un jour elle donna une paire de souliers à un pauvre, et,
quelques temps après, elle les vit aux pieds de la Sainte Vierge, tout
éclatants de pierreries.
Elle
fit, à douze ans, vœu de se consacrer à DIEU. Bientôt, recherchée par
de brillants partis, elle répondit simplement: "C'est inutile, je serai
religieuse." Elle entra à dix-sept ans chez les Clarisses. Elle ne
connut point les essais de cette nouvelle vie, et se trouva dès le
premier jour religieuse parfaite.
Sa
grâce spéciale fut de porter en elle la ressemblance de JÉSUS crucifié,
dont elle méditait sans cesse la Passion. Elle eut son couronnement
d'épines, qui laissa des traces douloureuses et inguérissables sur sa
tête; elle sentit, un jour de Vendredi saint, la douleur du
crucifiement, et le SAUVEUR, lui apparaissant, laissa sur ses pieds, ses
mains et sa poitrine, des stigmates tout saignants. Les grâces
extraordinaires que reçut Véronique furent achetées au prix de grandes épreuves.
Elle mourut le 9 juillet 1727.
Pratique : Rappelez-vous la maxime de Sainte Véronique : « Qui veut être à DIEU doit mourir à soi-même »
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SAINTE MARIA GORETTI
Vierge et martyre
(1890-1902)
Maria naquit
dans le petit village de Corinaldo, le 16 octobre 1890, troisième d'une
famille de sept enfants. En 1899, son père, cultivateur pauvre,
déménagea dans une ferme au bord de la Méditerranée, près de Nettuno. Il
mourut peu de temps après, laissant six enfants à nourrir.
Assunta, son épouse, décida de continuer la rude tâche à peine commencée et confia la garde des petits à Maria, âgée
alors que de neuf ans. La petite fille d'une maturité précoce devint
très vite une parfaite ménagère. Le jour de la Fête-Dieu, elle
communia pour la première fois avec une ferveur angélique. Elle
s'appliquait avec délices à la récitation quotidienne du chapelet. Maria Goretti ne put apprendre à lire, car la pauvreté et l'éloignement du village l'empêchèrent de fréquenter l'école.
La
pieuse enfant ne tint cependant aucun compte des difficultés et des
distances à parcourir lorsqu'il s'agissait de recevoir JÉSUS dans le
Saint Sacrement. «Je puis à peine attendre le moment où demain j'irai à
la communion», dit-elle l'après-midi même où elle allait sceller de son
sang sa fidélité à l’Époux des vierges.
Les Serenelli, proches voisins de
la famille Goretti, étaient des gens serviables et honnêtes, mais leur
fils Alessandro se laissait entraîner par des camarades corrompus et des
lectures pernicieuses. Il venait aider la famille Goretti pour des
travaux agricoles trop pénibles. Maria l'accueillait,
reconnaissante, trop pure pour se méfier. Ce jeune homme ne tarda pas à
lui tenir des propos abjects, en lui défendant de les répéter. Sans
bien comprendre le péril qui la menaçait et craignant d'être en faute, Maria avoua tout à sa mère. Avertie d'un danger qu'elle ignorait, elle promit de ne jamais céder.
Alessandro Serenelli devenait de
plus en plus pressant, mais prudente, l'adolescente s'esquivait le plus
possible de sa présence. Furieux de cette sourde résistance, le jeune
homme guettait le départ de la mère pour pouvoir réaliser ses desseins
pervers.
L'occasion tant attendue se présenta le matin du 6 juillet. Alessandro se précipita brutalement sur Maria,
alors seule et sans défense. Brandissant sous ses yeux un poinçon dont
la lame acérée mesurait 24 centimètres, il lui fit cette menace: «Si tu
ne cèdes pas, je vais te tuer!» La jeune chrétienne s'écria: «Non! c'est
un péché, DIEU le défend! Vous iriez en enfer!» Déchaîné par la
passion, n'obéissant plus qu'à son instinct, l'assassin se jette sur sa
proie et la laboure de quatorze coups de poinçon.
Lorsqu'Assunta est mise au courant du drame, Maria git
mourante à l'hôpital de Nettuno. Le prêtre au chevet de la martyre, lui
rappelle la mort de JÉSUS en croix, le coup de lance et la conversion
du bon larron: «Et toi, Maria,
pardonnes-tu? lui demanda-t-il. -- Oh, oui! murmura sans hésitation la
douce victime, pour l'amour de JÉSUS, qu'il vienne avec moi au Paradis.»
Les dernières paroles que la Sainte prononça au milieu d'atroces
douleurs, furent celles-ci: «Que fais-tu Alessandro? Tu vas en enfer!»
et comme elle se détournait dans un ultime effort, son coeur cessa de
battre.
Le 24 juin 1950, le pape Pie XII canonisait Maria Goretti, martyre à douze ans pour avoir défendu sa pureté jusqu'à la mort. Dans son allocution, le Saint-Père déclarait: «Elle
est le fruit mûr d'une famille où l'on a prié tous les jours, où les
enfants furent élevés dans la crainte du SEIGNEUR, l'obéissance aux
parents, la sincérité et la pudeur, où ils furent habitués à se
contenter de peu, toujours disposés à aider aux travaux des champs et à
la maison, où les conditions naturelles de vie et l'atmosphère
religieuse qui les entouraient les aidaient puissamment à s'unir à DIEU
et à croître en vertu. Elle n'était ni ignorante, ni insensible, ni
froide, mais elle avait la force d'âme des vierges et des martyrs, cette
force d'âme qui est à la fois la protection et le fruit de la virginité.»
"Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous
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