"Il n’y a pas d’autre différence entre l’Evangile et la vie des Saints
qu’entre une musique notée et une musique chantée.”
(Saint François de Sales.)
SAINT ALEXIS
Confesseur, Pèlerin et Mendiant (+ 404)
Saint Alexis fut un rare modèle de mépris du monde. Fils unique d'un des plus illustres sénateurs de Rome nommé Euphémien, il reçut une éducation brillante et soignée.
L'exemple de ses parents apprit au jeune Alexis que le meilleur usage des richesses consistait à les partager avec les pauvres, parce qu’étant ainsi distribuées en aumônes, elles formaient dans le ciel un trésor pour l’éternité. Cédant aux désirs de sa famille, le jeune Alexis dut choisir une épouse. Mais le jour même de ses noces, se sentant pénétré du désir d'être uniquement à DIEU et de L'aimer sans partage, il résolut de s'enfuir secrètement, s'embarqua sur un vaisseau qui se dirigeait vers Laodicée, gagna la ville d'Edesse et se fixa dans le voisinage d’une église dédiée à la Sainte Vierge.
Ses vertus ayant attiré sur lui l’attention, il revint à Rome, après dix-sept ans d’absence. En entrant, pauvre et inconnu, dans cette ville où il avait été entouré de tant d’honneurs, Alexis conçut une pensée extraordinaire : celle de mendier une petite place dans la maison de son père.
Celui-ci consentit à donner à l’humble pèlerin un refuge sous l’escalier d’entrée de son palais, lui demandant de uniquement de prier pour le retour de son fils. Le mendiant depuis lors vit tous les jours couler les larmes du vieux patricien, il entendit les soupirs d’une mère toujours inconsolable, il vit passer et repasser cette noble fiancée dont la beauté s’était empreinte d’un air de tristesse indicible, et il eut le courage surhumain de garder son secret et de renouveler perpétuellement, chaque jour, le sacrifice qu’il avait fait à DIEU, sacrifice que chaque jour rendait plus héroïque encore.
Alexis demeura dix-sept nouvelles années dans l’oubli le plus complet, sous l’escalier que tous gravissait pour entrer dans la maison qui était la sienne, en sorte qu’il semblait foulé aux pieds de tous. Il eut à subir les persécutions et les odieux procédés des valets qui l’avaient autrefois servi avec tant de respect.
Ce temps écoulé, il plut à DIEU de glorifier son serviteur sur la terre en même temps qu’au ciel, et il lui ordonna de mettre en écrit son nom et l’histoire de sa vie. Alexis obéit et comprit qu’il allait mourir. Or, quelques jours après, pendant l’office célébré par le pape à Saint-Pierre, tout le peuple entendit une voix qui disait : « Cherchez l’homme de DIEU, il priera pour Rome, et le SEIGNEUR lui sera propice ; du reste, il doit mourir vendredi prochain. »
La ville entière chercha en vain ce saint inconnu durant cinq jours. Le vendredi suivant, au même lieu, la même voix se fit entendre et dit : « Le Saint est dans la maison du sénateur Euphémien ». On y courut et on trouva le pauvre pèlerin qui venait de mourir. Quand le pape eut fait donner lecture du parchemin que le mort tenait en sa main, ce ne fut de toutes parts dans Rome qu’un cri d’admiration impossible à décrire.
Innocent Ier ordonna d'exposer le corps de saint Alexis à la basilique St-Pierre, pendant sept jours. Ses funérailles eurent lieu au milieu d'un immense concours de peuple.
Pratique : Parmi toutes les vertus, ayez un soin tout spécial de pratiquer la vraie humilité.
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LES BIENHEUREUSES
CARMELITES DE COMPIÈGNE
Les Bienheureuses
Carmélites de Compiègne
MARTYRES
(† 1794)
Le monastère de Compiègne fut établi en 1641. Lorsque Madame Louise de France, fille de Louis XV, eut obtenu la permission d'entrer au Carmel, elle eût voulu entrer dans cette maison; mais le roi s'y opposa. Elle choisit alors un monastère plus rapproché de Versailles, celui de Saint-Denis; mais elle resta dévouée à celui de Compiègne, et lui procura des sujets. C'est ainsi qu'elle y envoya Madeleine Lidoine et lui paya sa dot. En reconnaissance celle-ci voulut prendre le nom de religion de sa bienfaitrice: Sœur Thérèse de Saint-Augustin. Elle devint prieure après dix ans de profession et mourut martyre.
En 1789 elle se trouvait donc à la tête de la communauté de Compiègne qui comptait seize religieuses de chœur. Le 5 février 1790, l'Assemblée Nationale votait la suppression des monastères, et le 13, la suppression des vœux de religion. Le 20 mars suivant, elle ordonnait aux municipalités de s'enquérir auprès des religieux habitant leurs communes respectives, de leur intention de rester dans leur couvent ou d'en sortir. Les Carmélites de Compiègne, professes et converses, protestèrent unanimement qu'elles voulaient «vivre et mourir dans leur état». On les laissa continuer à vivre dans leur pauvreté jusqu'au 14 septembre 1792, où en vertu d'une loi de l'Assemblée, ces saintes filles furent expulsées de leur maison et durent se disperser.
En même temps qu'elles étaient chassées de leur monastère, elles furent mises en demeure de signer le serment dit de «Liberté et Egalité». La Prieure déclara, au nom de ses Sœurs, qu'elles ne voulaient pas le prêter; néanmoins le maire, à l'aide d'un subterfuge, réussit à leur arracher une signature, qu'elles rétractèrent en juin 1794.
La vie continua ainsi: plusieurs professes étaient mortes, quelques autres étaient rentrées provisoirement dans leurs familles. Il en restait encore seize qui persévéraient malgré tout. Sur l'invitation de leur prieure, elles firent un acte de consécration, par lequel elles s'offraient en holocauste pour apaiser la colère de Dieu et obtenir que la paix fût rendue à l'Église de France. Deux cependant, les plus âgées, eurent un moment d'effroi à l'image de la guillotine; mais bientôt, se reprenant, elles s'associèrent de plein cœur à leurs sœurs qui refaisaient cet acte de consécration chaque jour.
ANNE MARIE MADELEINE FRANÇOISE THOURET, EN RELIGION SOEUR CHARLOTTE DE LA RESSURECTION |
Le 22 juin 1794, le Comité Révolutionnaire de Murat-sur-Oise (c'est-à-dire de Compiègne), emprisonnait les Carmélites et les dénonçait au Comité du Salut public. Celui-ci ordonna de les expédier à Paris. Sur tout le parcours, ces saintes femmes furent lâchement abreuvées d'insultes et de brutalités provoquées par leurs conducteurs. L'une d'elles, âgée de soixante-dix-sept ans, et infirme, ne pouvant descendre de la charrette, fut jetée sur le sol. On dut la relever; elle remercia: «Je vous remercie de ne m'avoir pas tuée, car j'aurais manqué au bonheur du martyre que j'attends.»
Elles furent jugées le 17 juillet; il n'y eut qu'un simulacre d'audience, dont il n'est resté que la liste des condamnées. De là elles furent conduites directement à l'échafaud. Sur les charrettes, les Carmélites chantèrent le «Salve Regina» et le «Te Deum». Arrivées au lieu d'exécution, elles se groupent autour de la Prieure, et ensemble renouvellent leurs vœux. Puis, la plus jeune, la novice sœur Constance, s'agenouille, demande sa dernière obédience, celle de mourir. Et, bénie, elle se livre au bourreau. La dernière, Mère Thérèse de Saint-Augustin, inclina la tête sous le couperet. Quelle sublime grandeur dans la simplicité et la mort de ces héroïques femmes!
À Paris, en 1794, les bienheureuses Thérèse de Saint-Augustin (Marie-Madeleine-Claudine Lidoine) et quinze compagnes: les bienheureuses Marie-Anne-Françoise Brideau (Sœur Saint-Louis), Marie-Anne Piedcourt (Sœur de Jésus Crucifié), Anne-Marie-Madeleine Thouret (Sœur Charlotte de la Résurrection), Marie-Claudie-Cyprienne Brard (Sœur Euphrasie de l’Immaculée-Conception), Marie-Gabrielle de Croissy (Sœur Henriette de Jésus), Marie-Anne Hanisset (Sœur Thérèse du Cœur de Marie), Marie-Gabrielle Trézelle (Sœur Thérèse de Saint-Ignace), Rose Chrétien de Neufville (Sœur Julie-Louise de Jésus), Annette Pelras (Sœur Marie-Henriette de la Providence), Marie-Geneviève Meunier (Sœur Constance), Angélique Roussel (Sœur Marie du Saint-Esprit), Marie Dufour (Sœur Sainte-Marthe), Élisabeth-Julie Vérolot (Sœur Saint-François), Catherine et Thérèse Soiron (sœurs converses), vierges, carmélites de Compiègne et martyres. Sous la Révolution française, elles furent condamnées à mort parce qu’elles avait conservé fidèlement la vie religieuse et, avant de monter à l’échafaud, elles renouvelèrent leur profession de foi baptismale et leurs vœux religieux.
"Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous"
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