mardi 7 octobre 2008

06 OCTOBRE - SAINT BRUNO

SAINT BRUNO naquit à Cologne en 1035, d'une famille de première noblesse. Ses magnifiques succès épouvantèrent son âme, désireuse de ne vivre que pour Dieu. Il songeait à quitter ce monde, où il était déjà appelé aux grands honneurs, quand un fait tragique décida complètement sa vocation.

Bruno comptait pour ami, à l'université de Paris, le célèbre chanoine Raymond, dont tout le monde admirait la vertu non moins que la science. Or cet ami vint à mourir, et pendant ses obsèques solennelles, auxquelles Bruno assistait, à ces paroles de Job : " Réponds-moi, quelles sont mes iniquités?» le mort se releva et dit d'une voix effrayante: «Je suis accusé par un juste jugement de Dieu!"

Une panique indescriptible s'empara de la foule, et la sépulture fut remise au lendemain ; mais le lendemain , au même moment de l'office, le mort se leva de nouveau et s'écria : "Je suis jugé par un juste jugement de Dieu !". Une nouvelle terreur occasionna un nouveau retard.

Enfin, le troisième jour, le mort se leva encore et cria d'une voix plus terrible : "Je suis condamné au juste jugement de Dieu !" Bruno brisa dès lors les derniers liens qui le retenaient au monde, et, inspiré du Ciel, il se rendit à Grenoble, où le saint évêque Hugues, répondant à ses inspirations vers la solitude la plus profonde, lui indiqua ce désert affreux et grandiose à la fois, si connu depuis sous le nom de Grande-Chartreuse.

Il fallut franchir de dangereux précipices, s'ouvrir un chemin à coups de hache dans des bois d'une végétation puissante, entremêlés de ronces épaisses et d'immenses fougères; il fallut prendre le terrain pied à pied sur les bêtes sauvages, furieuses d'être troublées dans leur possession paisible. Quelques cellules en bois et une chapelle furent le premier établissement.

Le travail, la prière, un profond silence du côté des hommes, tel fut pour Bruno l'emploi des premières années de sa retraite. Heureux de se croire oublié, il fit du désert sa patrie; mais la renommée s'attachait à ses pas ; il dut aller, pendant plusieurs années, servir de conseiller au saint pape Urbain II, puis refusa avec tant de larmes l'archevêché de Reggio, que le pape eut pitié de lui, le rendit à sa vie solitaire et l'envoya fonder en Calabre un nouveau couvent de son Ordre.

L'approche de sa dernière heure le trouva plein de confiance. Pendant que ses frères désolés entouraient son lit de planches couvert de cendres, Bruno parla du bonheur de la vis monastique, fit sa confession générale et demanda à ses frères si, après le récit d'une vie si misérable, ils ne le jugeaient pas indigne de la sainte Eucharistie.

Ils ne lui répondirent que par des sanglots, et le soulevèrent dans leurs bras pendant qu'il recevait avec une foi ardente le Viatique suprême ; peu après, il s'endormit sans agonie au milieu de sa famille désolée.

Pratique: Aimez la solitude ; plus vous quitterez le monde, plus vous trouverez Dieu.

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