samedi 27 août 2011

4 – De la Nécessité d’un Directeur de Vie Intérieure.


Assomption de la Très Sainte Vierge Marie
Lorsque son père commanda à Tobie d’aller à Ragès, celui-ci répondit : « Je n’en connais pas la route  - Pars, répliqua son père, et cherche quelqu’un qui te conduise. »
Je vous dis la même chose, ma Philotée*. Voulez-vous à bon escient aller à la vie intérieure ? Cherchez donc quelque homme de bien pour vous guider et vous conduire ; c’est l’avertissement des avertissements.
 « Quoique vous cherchiez, nous dit le bienheureux Jean d’Avila, vous ne trouverez d’une manière certaine la Volonté de DIEU que par la voie de cette humble obéissance si recommandée et pratiquée par tous les anciens dévots. »
 La bienheureuse mère Thérèse, qui voyait Madame Catherine de Cardone faire de grandes pénitences, désirait l’imiter en cela contre l’avis de son confesseur de son confesseur qui le lui défendait.  Comme elle était tentée de ne point obéir en ce qui concernait ce point spécial, DIEU lui dit : « Ma fille, tu es sur le chemin assuré.  Je fais pour toi plus de cas de ton obéissance que de la pénitence qu’elle fait. »
 Aussi elle aimait tant cette vertu qu’en plus de l’obéissance qu’elle devait à ses supérieurs, elle s’assujettit d’une manière toute particulière à un excellent homme dont elle s’obligeait à suivre les conseils de direction, ce dont elle se trouva infiniment consolée.    
Avant et après elle, de nombreuses âmes, pour mieux se donner à DIEU, ont soumis leurs volontés à celle de ses serviteurs et sainte Catherine de Sienne fait de cette règle un vif éloge dans ses dialogues.  La dévote princesse Elisabeth obéit à la perfection au docteur maître Conrad ; et voici l’un des avis que le grand Saint Louis donna à son fils avant de mourir : «  Confesse-toi souvent et choisis pour cela un confesseur compétent qui soit en même temps un homme de bon sens qui t’enseignera à faire tout ce qui t’est nécessaire. »
« L’ami fidèle, dit l’Ecriture sainte, est une protection sûre ; celui qui l’a trouvé, a trouvé un trésor. L’ami fidèle est un remède de vie et d’immortalité ; ceux qui craignent DIEU le trouvent. »
Vous le voyez, ces divines paroles ont trait d’abord à l’immortalité.  Il faut donc avoir cet ami fidèle qui, en tout, guidera nos actions selon ses avis et ses conseils, et par ce moyen nous garantira des pièges et des tromperies de malin.  Il sera pour nous un trésor de sagesse au cours de nos chagrins, tristesses et chutes.  Pour alléger et consoler notre cœur, en cas de maladie spirituelle, il sera un remède efficace.  Il nous gardera de tout mal, et ce qu’il y a de bien en nous, il le fera fructifier.  Et s’il nous arrive une chute grave, il fera en sorte qu’elle ne soit pas mortelle car il nous en relèvera.
Qui trouvera cet ami ?  Le Sage répond : « Ceux qui craignent DIEU » c’est-à-dire les humbles qui désirent intensément leur avancement spirituel.
Puisqu’il est si important pour vous, Philotée de marcher avec un guide expérimenté au cours de ce saint voyage de vie intérieure, priez DIEU instamment qu’il vous en donne un selon son cœur et ne doutez point d’être exaucée.  Quand bien même il devrait vous envoyer un ange du ciel, comme il le fit pour le jeune Tobie, il vous trouvera un guide bon et fidèle.
Et pour vous il doit toujours être un ange.  Quand vous l’aurez trouvé, ne le considérez pas simplement comme un homme et ne vous confiez pas seulement à son savoir humain.  Remettez-vous en à DIEU qui se penchera vers vous et vous parlera par l’intermédiaire de cet homme.  Il vous mettra dans son cœur et dans sa bouche ce qui est requis pour votre bonheur.  C’est pourquoi vous devez l’écouter comme un ange qui vient de descendre du ciel pour vous y conduire.
Vous devez traiter avec lui à cœur ouvert, avec sincérité et fidélité, en lui dévoilant clairement ce qu’il y a de bien et de mal en vous sans feindre ni dissimuler.
Ainsi, le bien en vous ayant été examiné deviendra plus sûr, et mal sera corrigé et il y sera porté remède.  Vos afflictions en seront allégées parce que vous serez plus forte, et vos consolations deviendront plus modérées parce qu’elles seront réglées.  Ayez en lui totale confiance jointe à une respectueuse révérence, de sorte que la révérence ne diminue point la confiance et que celle-ci n’empêche point la révérence. 
Confiez-vous en lui comme une fille respectueuse envers son père, et respectez-le comme un fils confiant envers sa mère.  Bref, cette amitié doit être forte et douce, toute sainte, sacrée divine et spirituelle.
Saint Jean d’Avila dit de le choisir entre mille ; et moi je vous conseille entre dix mille, car il en est très peu capables de cet office ; c’est le moins qu’on puisse dire.  Il faut en effet qu’il soit plein de charité, de science et de prudence ; et si l’une de ces trois vertus fait défaut, il y a danger.
Pour terminer, je vous dis : demandez-le à DIEU, et lorsque vous l’aurez obtenu, bénissez sa divine Majesté.  Restez ferme et n’en cherchez pas d’autre, mais marchez simplement, humblement et avec confiance.  Ainsi vous ferez un très heureux voyage.

*Philotée signifie "qui penche pour DIEU"

Saint François de Sales (in Introduction à la Vie dévote -ou La Vie spirituelle dans le Monde)

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