jeudi 1 septembre 2011

5 - LA PURIFICATION DE L'AME (Saint François de Sales)


Lorsque les fleurs, dit l’Epoux sacré, apparaissent en notre terre, le temps est venu d’émonder et de tailler. Ce sont les bons désirs, ô Philotée*, qui sont les fleurs de nos cœurs.
Dès qu’ils paraissent, il faut prendre la serpe pour retrancher de notre conscience toutes les œuvres mortes et superflues.  Pour épouser un Israélite, la fille étrangère devait ôter la robe de sa captivité, rogner ses ongles et raser ses cheveux.
Ainsi l’âme qui aspire à l’honneur de devenir épouse du Fils de DIEU, doit se dépouiller du vieil homme et revêtir l’homme nouveau en quittant le péché, ensuite amenuiser et raser tout ce qui peut détourner de l’amour de DIEU. Le commencement de la santé, c’est d’être purifié des humeurs maladives et peccamineuses.
Saint Paul, en un moment, fut purifié de façon parfaite.  Il en fut de même de sainte Catherine de Gênes, sainte Madeleine, sainte Pélagie et quelques autres.  Néanmoins cette sorte de purification est à la fois miraculeuse et extraordinaire en la grâce, comme la résurrection des morts l’est en la nature, si bien que nous ne devons jamais y prétendre.
La purification et la guérison des corps comme celles des esprits n’ont lieu que progressivement, avec des périodes de peine et de tranquillité.  Les anges qui ont des ailes sur l’échelle de Jacob ne volent pas, mais montent et descendent par ordre et d’échelon en échelon.
L’âme qui du péché monte en la vie spirituelle, on la compare à l’aube qui, en s’élevant, ne dissipe les ténèbres que petit à petit. La guérison, dit le proverbe, qui se fait doucement est toujours plus assurée ; les maladies de l’âme comme celles du corps nous viennent à cheval mais s’en retournent à pieds.
Il faut donc courage et patience, ô Philotée, pour cette entreprise. Quelle pitié, hélas ! de voir des âmes qui se sont exercées à la vie spirituelle et qui, constatant en elles certaines imperfections, s’inquiètent, se troublent et se décourage et cèdent presque à la tentation de tout abandonner et de retourner en arrière.
A l’opposé, il est un extrême danger : celui, par une tentation contraire, de se croire purifiée de ses imperfection, de se tenir pour parfaite avant d’être faite, et d’essayer de voler sans ailes. Ces âmes, ô Philotée, sont en grand péril de retomber pour s’être ôtées trop vite des mains du médecin.
Ah ! Ne vous levez pas avant que la lumière soit arrivée, dit le Prophète, levez-vous après être resté assis ; et lui-même, mettant en pratique ce conseil et ayant été déjà lavé et nettoyé, demande à l’être de nouveau.
La purification de l’âme ne peut finir et ne finira qu’avec notre vie.  Nos imperfections ne doivent jamais nous troubler, car notre perfection consiste précisément à les combattre, et nous ne saurions les combattre sans les voir, ni les vaincre sans les rencontrer.
Notre victoire ne consiste nullement à ne pas les sentir, mais à ne pas leur consentir ; le fait d’en être incommodé n’est pas un consentement. C’est pour notre humilité que nous sommes quelquefois blessés au cours de cette bataille spirituelle ; nous ne sommes jamais vaincus tant que nous n’avons pas perdu vie ou courage.
Les imperfections et les péchés véniels ne sauraient nous enlever la vie spirituelle, qui ne se perd que par le péché mortel ; donc ne jamais perdre courage.  Délivre-moi SEIGNEUR, disait David, de la peur et du découragement.  Dans cette guerre nous sommes toujours vainqueurs à condition de vouloir toujours combattre.


Saint François de Sales (Chapitre 5 de l'Introduction à la vie dévote aka La Vie Spirituelle dans le Monde)

*Philotée signifie « qui penche pour DIEU »

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